(*) Un grain « vêtu » est un grain qui, même après la récolte, reste emballé dans ses enveloppes (glumes et glumelles).
Introduction
Cher visiteur,
« La belle histoire d'un grain de blé », que vous allez découvrir sur ce site, est la façon que les chercheurs de Gembloux ont choisie pour fêter le quarantième anniversaire du « Livre blanc », un collectif regroupant des chercheurs des deux grandes institutions gembloutoises de recherche agronomique Centre wallon de Recherches agronomiques et Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques ), visant à la vulgarisation directe et rapide des résultats de la recherche sur les céréales à destination des agriculteurs.
Nous vous souhaitons une agréable visite.
Bernard Bodson et Michel De Proft (Responsables du « Livre blanc » )
Le blé et le froment dans la mouvance linguistique
« Dans les parlers romans du haut Moyen-âge, on désigne sous le nom de blé toute céréale qui sert à préparer de la farine, du pain ou des galettes. Le terme blé dérive du gaulois « blata » (farine) et se dit « blet » ou « bled » en vieux français. Il s'applique non seulement aux espèces du genre Triticum mais aussi aux « petits blés » (avoine, orge, millet), au méteil (mélange de blé et de seigle), au « blé noir » ou « sarrasin » et plus tard au « blé des Indes ou d'Espagne » (le maïs). Ce sens général est également celui du latin frumentum (qui signifie récolte).
Cependant, à partir du 12 e siècle, le terme blé est réservé en France aux espèces du genre Triticum , à grains non vêtus, tandis que le terme « espiaute » désigne l'épeautre à grains vêtus*. Ce terme et son équivalent latin spelta seraient d'origine germanique « Spelze), à moins que ce ne soit l'inverse. En Wallonie, l'épeautre est encore désigné par le terme de blé dans certaines contrées, ailleurs comme « spète », « sipète » ou « spiate ».
Dans les contrées de l'Allemagne où il est cultivé, le blé tendre ou froment est appelé « Weizen », allusion à la couleur blanche de sa farine, différente de celle du seigle. Fort curieusement, ce terme à peine modifié en « Wassin » désigne le seigle en Wallonie liégeoise. Ce transfert linguistique laisse supposer que le seigle y a été cultivé plus tardivement que le froment et l'épeautre, peut-être seulement après les invasions germaniques. »
Cette mise au point linguistique a été écrite en 1990 par Albert Noirfalise, Professeur à la Faculté des Sciences Agronomiques. Elle constituait le premier paragraphe du chapitre « Nomen-clature, origine et exigences écologiques des blés », d'un livre qui s'appelait « Le froment d'hiver, conduite de sa culture », dont les trente-quatre co-auteurs constituaient en fait les acteurs du Livre blanc de l'époque.