Une fois le modèle de capteur acoustique choisi (Matériel), prévoyez suffisamment de temps, souvent de quelques semaines à plusieurs mois, entre la commande et le début de l’inventaire sur le terrain.

Afin de garantir la qualité et la sécurité du déploiement, il est conseillé de se munir des équipements suivants :

  • Cartes SD : Des cartes d’une capacité de 128 Go sont conseillées, compte tenu de la quantité importante des données potentiellement enregistrées.
  • Graisse d’étanchéité : Pour les environnements humides, de la graisse de silicone peut être appliquée pour améliorer l’étanchéité du boîtier. Environ 125 g suffisent pour protéger 40 capteurs.
  • Sangles de fixation : Les capteurs sont souvent vendus avec des sangles, mais il est judicieux de prévoir des sangles supplémentaires et de taille adaptée pour une installation sur des arbres de grand diamètre.
  • Systèmes antivols : L’ajout de câbles verrouillables peut augmenter la protection contre le vol.
  • Piles : Le nombre et le type de piles nécessaires dépendent du modèle de capteur. Pour les inventaires de longue durée (plus de 4 semaines), les piles au lithium sont recommandées, bien que leur utilisation implique des contraintes environnementales et de transport, les piles au lithium étant interdites par certaines compagnies aériennes. Pour les projets plus courts (moins de 4 semaines), des piles alcalines à longue durée de vie sont une alternative pratique. Les piles rechargeables peuvent être envisagées si des points de recharge sont disponibles, mais leur autonomie diminue inévitablement après plusieurs cycles de recharge.
  • Échelle : Pour minimiser les risques de dégradation par la grande faune, il est recommandé d’installer les capteurs à une hauteur adaptée, hors de portée des grands animaux. L’utilisation d’une échelle est conseillée pour fixer le capteur à une hauteur idéale d’au moins 4 mètres au-dessus du sol. Cependant, l’installation en forêt dense humide africaine à 2 mètres de haut n’a pas mis en évidence des dégâts importants.
  • Boite de protection : Souvent fournie avec le capteur, elle permet de protéger les capteurs des conditions climatiques mais également des dégâts causés par la faune.
  • Protection contre l’humidité : Lors du transport du matériel, il est possible de devoir traverser des milieux humides ou d’être confronté à des conditions météorologiques difficiles. Pour éviter la dégradation du matériel, il est préférable de le stocker dans des sachets étanches.

Régler son matériel

Avant de commencer l’installation sur le terrain, il est essentiel de vérifier et de configurer les paramètres des capteurs acoustiques tels que la date et l’heure mais également ceux spécifiques aux objectifs de l’étude tels que la fréquence d’échantillonnage et les périodes d’enregistrement.

1. La période d’enregistrement

1.1 Enregistrements programmés par plage horaire

Ce mode permet de planifier les périodes d’enregistrement, assurant ainsi une couverture plus étendue des vocalisations de toutes les espèces présentes, sans se limiter à une seule espèce cible. Ce type de configuration est particulièrement adapté aux études de diversité en espèces, offrant un panorama plus complet de la communauté animale.

Les périodes d’enregistrement seront tout de même définies par rapport à l’objectif de l’inventaire. Par exemple, si celui-ci vise à inventorier les chauves-souris, le capteur ne fonctionnera qu’au lever et au coucher du soleil. Pour obtenir un enregistrement de plus grande durée, il est possible, entre autres, de n’enregistrer qu’une heure sur deux durant toute la journée.

La durée d’enregistrement doit être programmée à l’avance, en tenant compte de l’autonomie des batteries et de l’espace de stockage disponible. A titre d’exemple, un capteur SwiftOne fonctionnant pendant 12 heures par jour pendant un inventaire de 30 jours, à une fréquence d’échantillonnage de 48kHz, nécessite un espace de stockage de 128 Go. Ainsi, ce type d’enregistrement produit de grandes quantités de données, nécessitant une gestion rigoureuse du stockage et de l’analyse.

1.2 Enregistrements par détections sonores

Ce mode d’enregistrement est particulièrement utile lorsque l’étude se concentre sur une seule espèce ou sur la détection d’activités anthropiques. Le capteur se déclenche uniquement lorsque le son détecté dépasse un seuil de fréquence prédéfini.

Ce système optimise l’enregistrement des données en réduisant la consommation d’énergie et l’espace de stockage. Ce mode d’enregistrement n’est cependant disponible que sur des appareils haut de gamme.

2. Gain et plage de fréquence du micro

Plusieurs principes doivent être pris en compte lors du choix des fréquences étudiées :

Le théorème de Nyquist : La fréquence d’échantillonnage doit être au moins deux fois supérieure à la fréquence maximale des sons d’intérêt. Par exemple, pour capturer des sons émis par des chauves-souris jusqu’à 100 kHz, la fréquence d’échantillonnage doit être d’au moins 200 kHz.

La plage de fréquences de l’espèce cible : Il est essentiel d’identifier si les sons à enregistrer se situent dans les ultrasons (au-dessus de 20 kHz, comme pour les chauves-souris) ou dans la gamme audible (entre 20 Hz et 20 kHz). Cela influence également le choix du type capteur.

Le type de capteur : Les microphones classiques conviennent aux sons audibles, tandis que des capteurs spécialisés, comme les microphones ultrasoniques, sont nécessaires pour enregistrer les infrasons (émis par les éléphants) ou les ultrasons.

L’atténuation des hautes fréquences : Les sons de haute fréquence s’atténuent plus rapidement dans l’environnement, ce qui limite leur portée de détection. Il faut en tenir compte lors du choix de la disposition des capteurs. Sachant qu’une fréquence d’échantillonnage permet d’enregistrer des sons jusqu’à la moitié de cette fréquence, si la fréquence d’échantillonnage est de 44,1 kHz, les sons jusqu’à 22,05 kHz seront captés.

3. Paramétrage des appareils

Avant la phase d’installation sur le terrain, les appareils devront être paramétrés puis testés afin de s’assurer de leur bon fonctionnement, surtout si vous ne travaillez pas avec du matériel neuf.

Pour ce faire, définissez la période d’enregistrement, la fréquence d’échantillonnage et le gain du micro et sauvegardez ces paramètres sur le capteur. En fonction du modèle de vos appareils, ceci se fait directement via l’interface du capteur ou via un logiciel sur ordinateur. Laissez ensuite vos capteurs allumés et laissez-les en fonctionnement. Assurez-vous de couvrir une plage horaire où les capteurs sont supposés être actifs (en fonction des paramètres de période d’enregistrement). Vérifiez le bon fonctionnement de vos capteurs en écoutant les enregistrements tests effectués.

Afin de préserver la qualité des données, les fichiers audios doivent être enregistrés avec une profondeur de 16 bits minimum et stockés dans des formats non compressés comme « .wav » ou sans perte comme « .flac ».

Les capteurs acoustiques peuvent être programmés pour générer un dossier distinct pour chaque journée de mesure, avec un nom de fichier unique. Cette méthode garantit une organisation optimale des fichiers et facilite leur identification et leur exploitation ultérieure.

Pour assurer la traçabilité des données, chaque boitier doit être étiqueté d’un identifiant unique. La carte mémoire insérée dans le capteur devra également être étiquetée avec le même identifiant que son boîtier. Idéalement ce code identifiant est également celui du site sur lequel le capteur sera installé.