Les ongulés exercent un impact marqué sur la dynamique forestière, allant parfois jusqu’à rendre impossible la réalisation d’objectifs sylvicoles (composition et renouvellement des peuplements) et causant d’importantes pertes économiques. En cas de surpopulation ils peuvent compromettre la gestion multifonctionnelle de la forêt. Une augmentation globale de leurs populations a eu lieu en Europe depuis plusieurs décennies et l’équilibre entre la forêt et les ongulés est désormais une problématique incontournable.
L’estimation absolue d’une densité de population est un exercice extrêmement complexe et d’une précision souvent insatisfaisante. Les pressions exercées par les ongulés sur leur milieu ainsi que leur condition physique sont influencées par les densités de populations mais également par divers facteurs (climat, faciès forestier, proximité avec des zones agricoles) dont certains sont influencés par la gestion forestière. L’état actuel des connaissances ne permet pas aux différents acteurs de l’équilibre forêt-ongulés de justifier leurs revendications ce qui les mène à se renvoyer la responsabilité des problèmes.
Le suivi d’indicateurs de changement écologique reflétant l’évolution conjointe des trois composantes de l’équilibre entre une population et son milieu (effectifs, pression sur le milieu, condition physique) est une méthode validée pour le chevreuil et de plus en plus utilisée. Cette démarche permet de percevoir les évolutions de l’équilibre sans recourir à des recensements exhaustifs, rendant alors possible la mise en place d’une gestion adaptative. Le cerf est la seule espèce sujette à un plan de tir en région wallonne. La densité dépendance de certains indicateurs a été validée pour le cerf, mais sans évaluation de l’adéquation du niveau de pression avec les objectifs les plus couramment recherchés par les gestionnaires forestiers. Il n’existe donc pas à ce jour de réel outil intégré permettant le suivi de l’équilibre forêt-cerf.
Cette étude vise à comprendre et décrire les relations entre densités de populations de cerfs, pressions exercées sur la forêt et conditions physiques en tenant compte de la variabilité spatiale et temporelle de l’environnement sur une échelle régionale. Elle se basera sur les nombreuses données biométriques accumulées depuis plusieurs années par l’administration Wallonne (constats de mortalités), sur des dispositifs mesurant à grande échelle les pressions exercées sur la forêt et les densités de population (inventaire des écorcements, dispositif enclos-exclos, indicateur nocturne d’abondance) ainsi que sur des données cartographiques permettant de caractériser la forêt de façon de plus en plus précise et régulièrement mise à jour. Elle devrait fournir un outil intégré d’évaluation et de suivi de l’équilibre forêt-cerf et constituer une base objective pour évaluer l’adéquation des objectifs cynégétiques et sylvicoles, la possibilité de diminuer la sensibilité du milieu à ces pressions, et pour la fixation de plans des plans de tir.
Contacter Romain Candaele – (PhD student)