Haurez B., Petre C.A. , Doucet J.L.
L’exploitation du bois d’oeuvre se développe rapidement à travers les forêts du Bassin du Congo. Les surfaces dévolues à l’exploitation forestière ont rapidement augmenté au cours des décennies et couvrent aujourd’hui une part importante de l’aire de distribution du gorille des plaines de l’Ouest (Gorilla gorilla gorilla Savage & Wyman, 1847). Or, cette espèce en danger critique d’extinction (IUCN), pourrait jouer un rôle fondamental dans le maintien de la structure et de la composition des forêts tropicales humides. Cela serait lié à une dispersion efficace des graines due au caractère frugivore marqué de son régime alimentaire, aux temps de rétention élevés des aliments ingérés, aux longues distances quotidiennes parcourues, à une capacité volumique stomacale importante et à son aptitude à avaler des graines de dimensions très variables. En outre, il tend à déposer la majeure partie des graines ingérées dans des micro-habitats potentiellement favorables au développement des plantules, dont les chablis artificiels (créés par l’abattage de bois d’oeuvre). En conséquence, le gorille pourrait jouer un rôle fondamental dans les mécanismes de cicatrisation postexploitation. Or, l’exploitation du bois d’oeuvre possède deux principaux impacts antagonistes sur les populations de gorilles : le développement de la végétation herbacée, constituant une ressource alimentaire de base et un matériau pour la construction des nids, au niveau des ouvertures forestières est bénéfique ; l’augmentation de la chasse liée à l’ouverture des pistes pourrait s’avérer catastrophique. Au vu des impacts potentiels des concessions forestières sur la fonction écologique du gorille des plaines de l’Ouest, la mise en place de méthodes d’exploitation qui préservent les populations de gorille est primordiale pour une gestion durable de la forêt tropicale.
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