Orginfo n°130, 4er trimestre 2013

de l' asbl Promotion de l’ Orge de Brasserie, membre du CePiCOP, subsidié par la Région Wallonne

éditeur responsable : J de Montpellier

réalisé par Bruno Monfort (GxABT) (ex FUSAGx)

 

3. Appel aux brasseurs

1 et 2 : Les résultats des variétés d’orge de brasserie en 2013

 

 

1.      Le point en orges d’hiver brassicoles

Très bonne moisson d’escourgeons dans les essais en juillet 2013 avec des rendements très élevés dépassant les 110 qx pour les variétés les plus performantes.  Cela change de 2012 où les escourgeons avaient été pénalisés par une très mauvaise fertilité des épis liée à des nuits trop froides pendant la méiose. 

Tableau 1 : résultats de l’essai de comparaison des variétés d’orges d’hiver brassicoles à Gembloux en 2013

 

La bonne nouvelle est la confirmation du débouché en malterie pour la variété Etincel puisqu’elle est maintenant cotée en FOB Creil pour la récolte 2014. Creil est le marché de référence des orges brassicoles françaises.

Etincel fait partie de ces variétés à très gros potentiel.  Sur les 3 années d’observation elle se trouve dans le peloton de tête en 2013 et 2011, dépassant même les meilleures variétés hybrides si on tient compte du surcoût des semences de ces hybrides (-6 % des rendements).  Elle devrait donc assez vite remplacer Cervoise qui, malgré qu’elle ne soit pas dans la liste des variétés recommandées, est la variété la plus achetée par la malterie française.

Gigga a disparu ce printemps de la liste des variétés recommandées en France.  Elle était un peu moins productive que Cervoise mais par contre était une des variétés les plus résistantes aux maladies et pour cette raison avait de l’intérêt dans le cadre des cultures à faibles intrants ou en bio.

La nouvelle variété Casino est apparue très performantes en 2013, mais a un très gros défaut de grande sensibilité à la verse.  Pour rappel, Esterel trop sensible au froid n’est pas commercialisée en Belgique.

2.      Le point en orge de printemps brassicoles

En orge de printemps, la moisson 2013 est tout à fait exceptionnelle en rendements qui atteignent en moyenne des témoins (Quench et Sébastian) plus de 97 quintaux à l’hectare dans les essais à Gembloux.  La nouvelle Odyssey atteint même 107 qx/ha, c’est du jamais vu dans les essais.

L’essai était implanté après betterave le 2 avril à 200 gr/m2.  La fumure a été de 110 N39% (80N au 1er talle + 30N au redressement). ½ fongicide en montaison, 2/3 de dose en DF.  La très forte attaque de mouches grises a été compensée par un tallage abondant ; le printemps froid a entraîné une pression des maladies très faible.  Le facteur déterminant des rendements records est attribué à une luminosité exceptionnelle couplée à un bon approvisionnement en eau tout au long du remplissage des grains.

Tableau 2 : résultats de l’essai de comparaison des variétés d’orges de printemps brassicoles à Gembloux en 2013

 

Sébastian est la référence pour l’orge de printemps en France, Quench (avec Propino) l’est pour le reste de l’Europe.  Quench a un potentiel de rendement 6 % supérieur à Sébastian en moyenne sur la période 2009 à 2013.  En outre Quench nettement plus résistante aux maladies doit être moins traitée et coûte moins cher à produire.  Dans leurs pays de production, ces deux variétés de qualité B sont surtout destinées à l’exportation.

Odyssey est la bonne surprise de l’année.  Elle semble aussi résistante aux maladies que Quench, mais cela reste à confirmer.  Odyssey est directement passée variété recommandée en Angleterre pour le malt destiné à la distillerie. 

Explorer montre aussi depuis 3 ans un bon potentiel de rendement.  Elle est maintenant cotée en France pour la récolte 2014 et devrait remplacer assez vite la variété Sébastian.  Un défaut est sa sensibilité aux maladies (rhynchosporiose).

Irina, sensible aussi la rhyncho, est très prometteuse pour les rendements en 2013.  Tout comme Odyssey, elle devra confirmer en 2014.

Sunshine également avec une belle résistance aux maladies est championne pour le calibrage, et est dans la moyenne pour les rendements mais peut avoir tendance à faire plus de protéines.

Les variétés Henley, Bellini et Concerto, sensibles à la rhynchosporiose, déçoivent ces deux dernières années.  Tout comme déçoivent Shandy (variété très sensible à la verse), Overture, seule variété atteinte de grillures en 2013, et Runny

 

3.     La production belge d’orges de brasserie a besoin du soutien des brasseurs pour exister.

Pourquoi si peu de production d’orge de brasserie en Belgique, le pays de la bière ? Rien à voir avec le climat car à la fin des années 60, les agriculteurs cultivaient plus de 150 000 ha d’orge de printemps réputées pour leur qualité.  Le seul frein à la culture est sa rentabilité le plus souvent trop faible comparée aux autres cultures dont ils ont le choix à cette place de la rotation : froment de deuxième paille et orges fourragères principalement mais aussi les cultures sous contrat qui sont relativement nombreuses chez nous (légumes, lin, pommes de terre …). 

Des comptabilités en fermes, il ressort que l’orge brassicole de printemps payée culture à 250 €/t donne le même revenu que 160 €/t en escourgeon fourrager.  On est loin du compte quand on regarde l’évolution des prix du graphique suivant et desquels il faut retirer 35 €/t de frais de stockage et de transport pour avoir le prix culture.

Pour intéresser le producteur à un approvisionnement local nécessaire à des produits du terroir et de qualité, la solution est, comme cela se passe maintenant aux USA ou en Ecosse, de sécuriser la culture de l’orge brassicole par des contrats favorables à tous les partenaires de la filière.  On en reparlera dans le prochain Orginfo.