Orginfo n°128, 4ème trimestre 2012

de l' asbl Promotion de l’ Orge de Brasserie, membre du CePiCOP, subsidié par la Région Wallonne

éditeur responsable : J de Montpellier

réalisé par Bruno Monfort (GxABT) (ex FUSAGx)

 

1.    Rappel des résultats d’essai 2012 en orge de printemps

2.    Le marché des orges brassicoles

 

1.    Rappel des résultats d’essai 2012 en orge de printemps

Si 2011 reste dans les mémoires comme une année de sécheresse, on retiendra de 2012 un climat excessivement trop peu ensoleillé, trop pluvieux pendant toute la saison culturale.  Les maladies, surtout la rhynchosporiose, ont aussi été plus présentes que de coutume.  Il s’ensuit une récolte moyenne avec des grains pas toujours très bien remplis.  La qualité est toutefois très bonne avec des teneurs en protéines idéales et surtout une très belle couleur des grains.

 

Sébastian (référence en France) et Quench (référence pour les autres pays) sont à 75 qx.  Sur le long terme, Quench plus résistante aux maladies est supérieure en rendements à Sébastian qui a confirmé sa sensibilité à l’oïdium et la rhynchosporiose.

Henley est pénalisée en 2012 essentiellement en raison de sa très grande sensibilité à la rhynchosporiose.  Bellini, très peu sensible aux maladies n’a pas confirmé ses très bons résultats de 2011.  Concerto a franchement déçu en 2012, à la fois pour ses faibles rendements et calibrage déficitaire, mais aussi pour sa sensibilité à la rhynchosporiose.

Scrabble remarquable en rendement et résistance aux maladies est malheureusement retirée de la liste des variétés recommandées en France.

Sunshine correcte en 2012 est une variété risquée de par sa tendance à être trop protéinée ; elle présente une sensibilité moyenne à la rhyncho, tout comme Shandy, la plus sensible à la verse, qui n’a pas reproduit les meilleurs rendements de 2011.

Explorer, aussi sensible que Henley à la rhynchosporiose, a donné les meilleurs rendements en 2012 (82 qx).  Overture a montré par contre une aussi bonne résistance à la rhynchosporiose que Quench et Scrabble.  Les variétés les moins sensibles à la verse ont été Sébastian, Quench, Sunshine et Overture.

 

Pour son choix, l’agriculteur doit prendre contact avec son négociant – stockeur intermédiaire.  En absence de marché à terme fonctionnel, les contacts doivent être pris avec un malteur avant la mise en culture : il ne sert à rien de semer une orge de printemps et se retrouver sans débouché lors de la récolte.

 

Cette figure présente l’essai OP12-21 qui comparait 5 variétés quant à la fumure azotée.  Les variétés Quench, Sébastian et Bellini ont eu sensiblement le même comportement avec des fumures optimales variant de 100 à 120N.  La sensibilité de Henley à la rhynchosporiose étant exacerbée par la fumure azotée croissante, sa fumure optimale ne dépassait pas 93N en 2012.  Concerto confirme son mauvais potentiel observé dans l’essai de comparaison variétale à Lonzée et sa fumure optimale n’a été que de 79 N ans cet essai.

 

2.    Le marché des orges brassicoles

 

Toujours pas très folichon le marché des orges de brasserie. On pourrait dire que ce n’est pas si mal comparé à 2004-2005 ou 2008-2009, mais voilà bien une mauvaise comparaison : ces années sont justement celles qui ont entraîné un rejet (le mot est faibles) de la culture de l’orge brassicole.  Tout d’abord de ces prix affiché, il faut retirer les frais de marge négoce pour la réception séparée, le séchage (et non uniquement ventilation, le stockage, la préparation, le transport …) soit 35 €/t pour avoir le prix agriculteur, reste environ 220 €/t pour de l’orge de printemps de première qualité.  Ensuite, il faut comparer avec les autres cultures.  Le Cervoise dont l’industrie dit qu’elle n’est pas de bonne qualité brassicole, est mieux payée que l’orge de printemps.  Et Cervoise est à peine mieux payée que le fourrager qui ne demande aucun soin.  Et ne parlons pas du froment : sur Euronext il y a souvent plus de 20 € de différence en sa faveur.

 

Maintenant cela spécule parce que tous les froments ne seraient pas semés, ce qui laisserait de la place pour augmenter les surfaces en orges de printemps.

Spéculons aussi : actuellement les intentions de semis sont à la baisse, vu le peu d’encouragement à la mise en culture. Les récoltes brassicoles hors contrat continueront à partir en fourrager mieux payé, et il y aura encore moins de stock de report que ces dernières années.  Les récoltes Australiennes et Argentine ? Tous disent que ce sera pas la gloire et qu’ils auront difficile à venir casser les prix comme l’an passé.  Et puis les Chinois ont de plus en plus soif ; donc la demande augmente.  Statistiquement on peut tabler sur moins de dégâts d’hiver que l’an passé, et donc moins de re-semis obligé en  orge, d’autant qu’il y a plus de semences de froment de printemps plus productives et mieux payées à la récolte.  Et puis aussi, le dérèglement climatique fera peut être qu’encore plus de grandes régions exportatrices feront de mauvaises récoltes … etc … 

Bref, c’est pas gentil la spéculation .. mais il n’est pas idiot de tabler sur une belle grosse pénurie l’an prochain  et de bonnes récoltes chez nous qui sommes dans la meilleure région au monde pour produire des orges de qualité …

Donc faut rester attentif, et pourquoi pas réserver quelques hectares au printemps pour de l’orge.   On en reparlera au prochain trimestre.  On y verra plus clair.  En attendant la piste des circuits courts, directement avec les brasseurs, continuera à être suivie.