Version originale pour le Libre Blanc de fév 2012

Orges brassicoles

 

B. Monfort[1]

 


 

Cet article est essentiellement centré sur les orges de brasserie de printemps.  Toutefois l’orge de brasserie d’hiver y est présent pour les informations spécifiques au caractère brassicole : les variétés et la fumure en orge brassicole d’hiver.  Vous trouverez les informations non-spécifiques des orges brassicoles hiver (caractéristiques de l’année, fongicides, régulateurs, et principes généraux de la fumure) dans les chapitres consacrés à l’escourgeon.

1       Introduction : comprendre le marché de l’orge de brasserie.

La figure 8.1 ci-dessous présente l’évolution du marché des orges de brasserie pour les récoltes depuis 2007 et nous permet de comprendre l’importance des fondamentaux d’un marché.   Les fondamentaux sont l’offre (la production), la demande et les stocks de report (les excédents dont le niveau représente la sécurité de l’approvisionnement futur). 

 

Figure 8.1 : Evolution des cotations des récoltes d’orge de printemps depuis 2007

 

Les prix proposés sur le marché de la récolte 2007 qui était, à la suite de 2006, une deuxième année consécutive de très mauvaises récoltes au niveau mondial, ont été d’un niveau élevé record.  Fin 2007 les stocks étant au plus bas, les prix fixés dans les contrats passés pour la récolte 2008 étaient très élevés ce qui a entraîné une forte augmentation des emblavements.

L’augmentation des superficies et les rendements très élevés en 2008 ont permis la reconstitution des stocks et les prix se sont effondrés dès la récolte.  2009 est de nouveau un année record pour les rendements et l’offre est pléthorique.  Les silos de report sont pleins et les contrats pour la récolte 2010 sont si mauvais que les superficies diminuent fortement dans toutes les régions de production.

En 2010 la récolte mondiale est très mauvaise partout et les prix se redressent spectaculairement dès la fin de l’été puis encore en hiver à l’annonce des mauvaises récoltes dans l’hémisphère sud.  Malgré des silos de report en très forte baisse, les prix proposés pour la récolte 2011 ne sont pas assez encourageants et les emblavements diminuent encore.

La récolte 2011 est encore plus mauvaise que 2010, partout sur la planète excepté l’Argentine, et les prix du marché s’élèvent à nouveau, tout en restant inférieurs aux prix record de 2007.

Le secteur de la brasserie est maintenant dominé par 4 groupes géants multinationaux qui contrôlent 46 % de la production mondiale de bière et donc des achats de malt.  Ils sont dirigés non plus par des brasseurs mais par des financiers qui ne se privent pas de faire pression sur les prix de vente et d’achat.  Alors que les prix de 2007, supérieurs aux prix actuels, leur avaient déjà donné l’opportunité d’ajuster les prix de vente des bières, non réajustés à la baisse pendant la période 2008-2009 où ils achetaient le malt à vil prix, les consommateurs ont de nouveau assisté à de nouvelles augmentations de prix justifiées selon l’industrie par les prix élevés de l’orge en 2010 et 2011. 

Les malteurs, qui transforment l’orge en malt, influencent de moins en moins le marché.  Ils produisent à flux tendu et achètent sur le marché au fur et à mesure des commandes de malt par les brasseurs. Ils restent toutefois incontournables puisque c’est eux qui achètent l’orge.  A l’étude des cotations à la fois de l’orge brassicole et du malt, et compte tenu du fait qu’il faut 123 kg d’orge pour faire 100 kg de malt, on observe qu’il n’y a pas de spéculation à ce niveau, leur marge étant constante autour de 145 €/t.

A l’image de l’industrie de la bière, le marché de l’orge brassicole est de plus en plus mondial. Les achats qui auparavant en Europe battaient leur plein en novembre se décalent ces dernières années vers la fin de l’hiver, moment où on connaît, pour toutes les régions du monde ; l’état des récoltes de l’année, en quantité et en qualité.  Cette année, les silos sont déficitaires partout, excepté en Argentine qui aura peut-être un peu d’excédent après avoir approvisionné le Brésil et en partie la Chine.  Dans l’attente, et tant qu’il leur restait du malt de la récolte 2010, les brasseurs ne sont guère venus aux achats.  Ils faudra bien qu’ils y viennent et on prévoit des prix à la hausse pour la suite de la campagne 2011-2012.

L’évolution des prix proposés pour la prochaine récolte 2012, dans la figure 8.1, est représentative de la manière de fixer les prix des contrats pour l’année suivante : sans tenir compte des fondamentaux, il suffit de retrancher 30 €/t (40 €/t pour le moment) de la cotation pour la récolte en cours.  Connaissant cette façon de faire systématique, on peut prévoir quand il est intéressant de cultiver avec ou sans contrat à prix fixé avant la récolte.

Sur base des cotations depuis 2005, on constate que les prix moyens après récolte sont plus avantageux de 20 €/t que les prix moyens fixés avant récolte.  Quand les prix de la récolte en cours sont faibles (par exemple en 2008 et 2009) il ne faut surtout pas fixer les prix avant récolte.  Par contre quand les prix sont très intéressants comme en 2007, on a tout avantage à fixer le prix dans un contrat pour la récolte suivante.  L’an passé, en 2010, vu l’état des silos et les informations sur les intentions de diminuer les semis dans les grandes régions de production, on conseillait avec raison d’attendre de meilleures propositions pour la récolte 2011 avant de s’engager sur des prix.

Pour la récolte 2012 le conseil reste d’attendre, avant d’éventuellement s’engager sur les prix, la hausse attendue vu le peu de disponible et les prévisions de silos vides en fin de campagne et de stagnation au mieux des emblavements.  Quand on conclut un contrat, il faut veiller à qu’il soit inscrit de ne pas devoir livrer si les récoltes ne sont pas dans les normes de réception.  L’agriculteur n’est pas responsable du climat.


 

 

2       Résultats d’expérimentations

2.1    Les variétés brassicoles

2.1.1       Les variétés brassicoles d’hiver : Cervoise fait 70 % du marché français

La Belgique reste la principale destination des exportations française d’orges, essentiellement à destination de la malterie (la production belge d’orges de brasserie est déficitaire de 940 000 tonnes).  Cervoise (malgré sa sortie de la liste des variétés recommandées de l’IFBM (Institut Français de la Brasserie et de la Malterie) en raison d’une dormance naturellement plus longue mais totalement levée au cours de l’hiver pour les premières livraisons) est de loin la variété la plus achetée par les malteurs suivie par Esterel qui perd de plus en plus de part de marché mais reste cultivée dans le sud de la Champagne.  La variété brassicole montante est Gigga, variété intéressante non par un potentiel supérieur à Cervoise, mais surtout par une résistance aux maladies nettement meilleure permettant une production à moindre coût.  Arturio est en diminution, mais n’apportait rien en valeur culturale par rapport à Cervoise, ni en potentiel de rendement, ni en résistance aux maladies.

 

Les rendements des variétés d’orge d’hiver 2 rangs, ces deux dernières années, sont largement en retrait par rapport aux 6 rangs.  Elles restent de plus mal valorisée sur le continent alors qu’en Grande Bretagne leur prix est beaucoup plus proche des orges de printemps.  Dans cette catégorie, Salamandre est la variété le plus en progression en France où la culture des 2 R n’est importante qu’en Charente Maritime.

 

Tableau 8.1 – Principaux résultats à Lonzée des variétés alternatives à Esterel (essais EBC).  Rendements en quintaux/ha et importance relative de la part de marché des orges d’hiver de brasserie françaises pour la malterie en 2011.

 

2011

2010

2009

2008

2007

2006

2005

France

Esterel

90

114

96

87

93

84

107

17 %

Cervoise

95

116

107

96

103

96

 

70 %

Arturio

92

114

 

 

 

98

109

7 %

Gigga

93

116

 

 

 

 

 

 

Cassata (2R)

80

104

 

97

103

 

 

 

Salamandre (2R)

80

 

 

 

 

 

 

 

Casanova (2R)

79

 

 

 

 

 

 

 

 

2.1.2       Les variétés brassicoles de printemps

En 2011, la culture de l’orge de printemps a été très pénalisée en Europe, en grande partie à cause de la sécheresse qui s’est installée dès le début du tallage jusqu’au début juin, mais aussi à cause des pluies incessantes du mois d’août ayant entraîné le déclassement des récoltes dû à la perte de qualité. 

 

Par rapport au reste de l’Europe, Lonzée fait figure d’exception avec des récoltes de très bonne qualité mais dont les rendements sont toutefois en recul de 10 %, de l’ordre de 71 qx pour la moyenne des témoins.  Le tableau 8.2 résume les résultats des variétés brassicoles en orge de printemps. 

 

Tableau 8.1 – Principaux résultats en orge de printemps.  Essais EBC à Lonzée – Gx-ABT.

 

Les anciennes variétés Sébastian (67 qx) et Prestige (68 qx) ont donné les moins bons rendements tout comme la nouvelle Sunshine (70 qx), de très bonne qualité mais qui confirme un potentiel de rendement limité avec bien souvent des teneurs en protéines excessives. Sébastian est de très loin la variété la plus cultivée en France (67 % du marché) ; elle est la variété de référence sur le marché Euronext de l’orge de brasserie qui peine toujours à se mettre en place.

 

La nouvelle variété Shandy (80 qx) a donné les meilleurs résultats en 2011 mais sa qualité brassicole doit encore validée avant qu’elle ne soit adoptée, tout comme la nouvelle Explorer (74 qx) qui, elle aussi, n’en est qu’aux premiers stades de validation.

 

Les variétés Bellini (76 qx), Concerto (76 qx), Quench (75 qx), Scrabble (75 qx) et Henley (73 qx) sont toutes des variétés dont la bonne qualité brassicole est reconnue.  Quench, la variété la plus résistante aux maladies, se développe partout en Europe mais pas encore en France. Depuis 2012 elle remplace Tipple en tant que 2ème variété de référence sur Euronext.

 

Pour son choix, l’agriculteur doit prendre contact avec son négociant – stockeur intermédiaire.  En absence de marché à terme fonctionnel, les contacts doivent être pris avec un malteur avant la mise en culture : il ne sert à rien de semer une orge de printemps et se retrouver sans débouché lors de la récolte.

 

 

2.2    Résultats d’expérimentation sur la fumure en orge de brasserie

2.2.1       Fumure en orge de brasserie d’hiver en 2011

La fumure azotée de l’orge d’hiver brassicole Cervoise est présentée dans le point 2.2.2 de la partie escourgeon du chapitre de la fumure azotée de ce Livre Blanc.  Pour rappel, dans l’essai ES11-04, la fumure donnant le rendement maximum de 108,3 qx était de 172 N/ha, la fumure optimale s’élevant à 160 N donnant 107,8 qx pour un prix de vente de 180 €/t (prime de 20€ /t) et un coût de l’engrais de 275 €/t.  A ce niveau de fumure, les protéines étaient toujours parfaitement dans les normes.

 

Ces données sont résumées dans la figure 8.2 ci-dessous.

 

Figure 8.2 : Réponses des rendements et de la teneur en protéines de Cervoise à la fumure azotée en 2011 (Lonzée – Gx-ABT)

 

2.2.2       Fumure azotée en orge de brasserie de printemps

2.2.2.1       Enorme différence de comportement de la fumure azotée selon le régime des pluies en orge de brasserie de printemps en 2011

Dans beaucoup de parcelles en Europe, les rendements des orges de printemps ont été extrêmement faibles.  On peut en attribuer souvent la cause à une mauvaise efficacité de la fumure azotée suite à l’extrême sécheresse de ce printemps au moment de l’application. La plate-forme des orges de printemps à Lonzée en 2011 en donne une belle illustration.

 

En orge de printemps la fumure azotée peut être totalement appliquée dès la levée sous forme solide, ou sous forme liquide à partir du stade 1er talle pour éviter de brûler les petites plantules. 

A Lonzée, les orges semées le 8 mars étaient levées le 23 mars.

 

Le tableau 8.3 donne les rendements observés dans quelques essais de la plate-forme des orges de printemps à Lonzée en 2011.

Dans les essais où le protocole portait sur la fumure azotée (OP25 sur Henley et OP33 sur Quench), celle-ci a été appliquée sous forme solide (ammonitrate N27 %) le 28 mars.  Dans les jours suivants l’application de l’engrais quelques 20 mm de pluies ont bien arrosé la plate-forme.  Ces essais ont montré un comportement normal jusqu’à la récolte.

Dans les essais où la fumure azotée ne faisait pas l’objet de l’étude (OP29 et OP30 sur Henley ; OP35 sur Quench), celle-ci a été appliquée sous forme liquide (N39%) le 10 avril au stade 1er talle.  Ces essais n’ont pas reçu de pluie significative après l’application et sont restés malingres et clairsemés jusqu’à l’arrivée des pluies en début juin où on a assisté à une forte montée d’épis tardillons potentiellement très peu productifs.

 

Tableau 8.3 – Comparaison de l’efficacité des fumures azotées liquide (L) et solide (S) (*) dans quelques essais sur orge de printemps en 2011 ( Lonzée – Gx-ABT).

(*) : il est tombé 20 mm de pluies à la suite de l’application de l’engrais solide ;
 il n’a pas plu pendant près de 2 mois après l’application de l’engrais liquide

 

Les rendements à zéro azote sont donnés dans les essais OP25 & 33 Ils ont été de respectivement 45 qx pour Henley et 52 qx pour Quench. 

Les rendements observés dans les essais qui avaient reçu 90N liquide (OP29-30 & 35) sont à peine supérieurs (55 et 57 qx) à ces rendements des témoins sans azote.

En engrais solide, les 90N (essais 25&33) ont donné 76 et 83 qx.  Les gains de rendements liés à la fumure azotée sont appréciables de l’ordre de 50 qx en 2011 (30 qx en 2010). 

La principale raison de cette différence de comportement des engrais azotés doit être attribuée à la présence de pluies (plus de 15 mm) après l’application de l’engrais solide et l’absence de pluie après l’application de l’engrais sous forme liquide.

Les observations ne permettent pas de mettre en cause la part plus importante d’ammoniaque volatil (si on y associe les 50% d’urée) de la solution azotée, bien que ce phénomène de volatilisation de l’azote consécutif à l’absence de pluie est sans doute l’explication, et non la cause, de la moindre efficacité de l’azote liquide en 2011.

Les rendements particulièrement bas des zéro azote en 2011 comparés à 2010 où ils avaient donné à Lonzée 58 qx en Henley et 60 qx en Quench sont l’indice d’une très faible minéralisation du sol suite à la sécheresse en 2011.

2.2.2.2       La fumure azotée en orge de brasserie de printemps en 2011

En orge de printemps, deux essais sur le fractionnement ont été menés en 2011.  Les résultats sont donnés dans le tableau 8.4 et les réponses du rendement à la fumure azotée qui y ont été observées sont représentées dans les figures 8.3 et 8.4 avec également leurs réponses respectives des teneurs en protéines. Le tableau 8.5 donne les valeurs caractéristiques de ces réponses.  Pour rappel, dans les essais qui étudient la fumure, l’engrais azoté utilisé est de forme solide N27%.

 

 

Figures 8.3 & 8.4 : Réponses des rendements et de la teneur en protéines de Quench et Henley à Lonzée en 2011, à la fumure azotée croissante

 

Tableau 8.4 – Fractionnement de la fumure azotée en orge de printemps.  Essais OP11-25 & OP11-33 à Lonzée – Gx-ABT.

 

Contrairement à 2010 où les deux variétés avaient donné sensiblement la même réponse, les figures 8.2 et 8.3 montrent que les réponses des rendements à la fumure azotée ne sont pas semblables.  En fait, les fumures du protocole qui n’allaient que jusqu’au total de 180 N  n’étaient pas assez poussées pour atteindre le maximum avec Henley  et la réponse de cette variété de même que ses valeurs recalculées de fumures maximale (Nmax) et optimale (Nopt) sont très peu fiables (voir tableau 8.5).

Tableau 8.5 – Valeurs caractéristiques des réponses des figures 8.2 & 8.3.  Essais OP11-25 & OP11-33 à Lonzée – Gx-ABT.

 

Le même problème de très faible fiabilité des valeurs recalculées des fumures se retrouve dans l’essai OP11-21 (tableau 8.6) qui étudiait les réponses à la fumure azotée de 5 variétés. La fumure donnant le rendement maximal est normalement de l’ordre de 125 N à Lonzée (voir § suivant).  En 2011, les fumures expérimentées n’allaient pas au-delà de 140 N.

Excepté pour la variété Sunshine, les fumures maximales recalculées (Nmax) dépassent de nouveau de très loin le maximum expérimenté, surtout pour la variété Sébastian qui de ce fait a été exclue des moyennes 2011 du tableau.  Pour comparaison, le tableau rappelle les résultats du même essai réalisé en 2010.  Les fumures optimales sont calculées pour un prix de vente de l’orge de 200 €/t (prime de 40 €/t) et un coût de l’engrais de 275 €/t.

Tableau 8.6 – Valeurs caractéristiques des réponses des figures 8.5 & 8.6.
 Essais OP2011-21 & OP2010-11 à Lonzée – Gx-ABT.

 

Les figures 8.5 et 8.6 tracent les réponses moyennes des rendements et protéines dans les essais OP2011-21 et OP2010-11.

Figure 8.5 & figure 8.6 - Réponses des rendements et de la teneur en protéines de la moyenne de 4 variétés (OP2011-21) et de 5 variétés (OP2010-11) à Lonzée en 2010 et en 2011 avec la fumure azotée croissante.

Quelques constations suite à ces essais :

 

2.2.2.3       Les réponses moyennes des rendements et des protéines à la fumure azotée en orge de brasserie de printemps  à Lonzée, de 2003 à 2011

Cette année 2011 est, du fait de l’excessive sécheresse, trop particulière que pour trop tenir compte des résultats de l’année dans le cadre des conseils de fumure azotée en orge de printemps à l’avenir.  Pour ce faire, la moyenne des résultats depuis 2003 est plus adéquate.  La figure 8.7 donne cette réponse moyenne de l’orge de printemps à la fumure azotée. 

 

Figure 8.7 - Réponses moyennes des rendements et des teneurs en protéines à la fumure azotée croissante de 2003 à 2011(Lonzée – Gx-ABT)

Le rendement maximal de 7832 kg a été atteint en moyenne avec la fumure de 127 N ; l’optimum moyen étant de 111 N donnant 7791 kg/ha.  A ce niveau de 111 N, les teneurs en protéines (11.3 %) sont encore juste à la limite des teneurs acceptées (11.5 %). Les protéines ont augmenté en moyenne de 0,5 % par 25 N. 

Autre enseignement de base à retenir : pour une bonne efficacité de l’azote minéral, surtout sous forme liquide, celui-ci doit être appliqué par temps pluvieux !

2.3    La protection fongicide en orge de brasserie

La protection fongicide des orges d’hiver a été étudiée dans la partie escourgeon où la variété en essais était Cervoise.  En orge de printemps, vu la rapidité de la croissance et du développement, le problème se pose différemment par rapport aux escourgeons même si les maladies sont communes. Pour le complexe grillures- ramulariose observé pour la première fois en orge de printemps à Lonzée en 2009, il était apparu après épiaison, 15 jours plus tard qu’en escourgeon.  Comme en escourgeon, le complexe grillures-ramulariose a été absent en 2010 et 2011.

 

En moyenne, sur les 7 dernières années, la période de montaison (entre le stade épi 1 cm et le stade dernière feuille étalée) a duré 12 jours en orge de printemps (14 jours en 2011) contre 23 jours en escourgeon.

On devine évidemment (voir tableau 8.6) que, dans ces conditions, il est exceptionnel que le fongicide en montaison améliore suffisamment les rendements que pour en assurer sa rentabilité.

Tableau 8.6 – Apports en kg/ha du traitement fongicide appliqué seul sur la dernière feuille (FDF) et du fongicide appliqué en plus en montaison (F1N) dans les essais de 2005 à 2011.  Lonzée – Gx-ABT

 

 

FDF
(appliqué seul)

F1N
(qd FDF)

2011

Essai 1

333

24

 

Essai 2

114

-129

 

Essai 3

290

126

2010

Essai 1

468

27

 

Essai 2

161

(*)

 

Essai 3

377

204

 

Essai 4

335

53

2009

Essai 1

1347

(*)

 

Essai 2

699

494

2008

Essai 1

707

217

 

Essai 2

1058

205

2007

Essai 1

658

(*)

 

Essai 2

558

(*)

 

Essai 3

612

(*)

2006

Essai 1

69

108

 

Essai 2

495

155

2005

Essai 1

226

158

 

Essai 2

258

47

 

Essai 3

269

1

moy

 

475

121

(*) : pas d’application de fongicide montaison dans cet essai.

 

En 2011, l’essai 1 comparait le potentiel et le comportement de 10 variétés ; l’apport moyen du FDF y est hautement significatif.  Les essais 2 (sur Henley) et 3 (sur Quench) étudiaient l’évolution des gains apportés par les fongicides quand la fumure azotée augmente. Aucune différence significative n’y a été trouvée entre les parcelles témoins et les parcelles traitées.

 

L’apport moyen du fongicide à la dernière feuille est généralement rentabilisé puisqu’il est de 475 kg/ha. Le tableau 8.7 nous renseigne que cette augmentation de rendement couvre le prix du fongicide dès que le prix de vente de l’orge atteint 125 €/t.  Par contre l’apport supplémentaire d’un fongicide en montaison n’est jamais rentabilisé à Lonzée (sauf 1 essai en 2009 sur la variété Sébastian particulièrement malade).

 

Tableau 8.7 – Coût d’une application fongicide de 60 €/ha exprimé en kg/ha et selon le prix de vente (PV) de la culture (prix agriculteur).

PV

Fongicide de 60 € =
(en kg/ha)

85

706

100

600

115

522

130

462

145

414

160

375

200

300

 

Cette faible valorisation des fongicides en orge de printemps pose la question de l’intérêt des doses réduites.  Le tableau 8.8 compare, pour 2009, 2010 et 2011, les efficacités des traitements fongicides de dernière feuille renforcés ou non par un fongicide en montaison, à pleine dose ou à demi-dose.

 

Tableau 8.8 – Rendements (en kg/ha) et rentabilité des itinéraires techniques (en euros) selon le prix de vente (PV) ; 2009 (Var. Sébastian), 2010 et 2011 (Var. Henley) , Lonzée – Gx – ABT.

 

 

RDT

RDT

RDT

Gain

Revenu ½ brut

 

 

2011

2010

2009

moyen

en €/ha

F 1N

FDF

Kg/ha

Kg/ha

Kg/ha

Kg/ha

PV

130 €/t

PV

200 €/t

-

-

5195

7350

7565

 

871

1341

-

DN

5462

7685

8264

434

868

1367

-

½ D

5447

7660

8184

397

893

1390

DN

DN

5600

7738

8758

662

837

1353

½ D

DN

5554

7707

8742

631

863

1377

½ D

½ D

5606

7670

8582

583

887

1397

DN : dose pleine agréée ; ½ D : ½ dose pleine agréée

 

L’essai en 2009 était réalisé sur Sébastian , variété la plus sensible aux maladies, qui avait particulièrement bien réagi aux traitements, et en 2010 et 2011 sur Henley, variété également sensible aux maladies mais avec nettement moins de pression de maladies qu’en 2009.  Le tableau présente le détail des rendements observés ces trois années (les rendements très bas en 2011 sont dus à une fumure azotée liquide déficiente suite à la sécheresse, voir § 2.2.2.1 ci-dessus) .  La 6ème colonne résume les gains moyens de rendement permis par les différentes combinaisons de traitement.  Les deux dernières colonnes comparent les revenus de ces gains moyens quand le prix de vente est de 130 ou 200 €/t.

 

A 130 €/t, le meilleur revenu est obtenu avec une ½ dose sur la dernière feuille (Fdf). À 200€ /t, une ½ dose supplémentaire en montaison (Fm) permet d’améliorer légèrement le revenu. Sébastian et Henley étant deux variétés sensibles aux maladies, les conclusions ne sont pas à généraliser : il faut tenir compte des variétés plus ou moins sensibles, de la pression des maladies aux différents stades de traitement (montaison, dernière feuille étalée) et des prix attendus à la récolte.

 

La tendance semble toutefois indiquer qu’en orge de printemps, il ne faudrait travailler qu’avec des demi doses ; de façon systématique en Fdf , précédée d’une ½ dose en Fm si les maladies sont très présentes en cours de montaison.

 

3       Recommandations pratiques

L’orge de printemps cultivée pour la malterie se caractérise par une utilisation optimale des intrants à un niveau faible et bénéficie de la prime agri-environnementale MAE 5 : cultures extensives de céréales. La valorisation de l’orge de printemps en malterie exige des soins à la récolte et une qualité de stockage particuliers (points 3.10 et 3.11).

 

3.1    Choix des parcelles

Les parcelles riches en humus actif (anciennes prairies, restitutions organiques abondantes ...) sont déconseillées pour une production brassicole

 

D’autre part les parcelles trop filtrantes (séchantes et donc comportant des risques plus élevés d’échaudage) ou présentant des défauts de structure ne conviennent pas (les orges y sont plus sensibles que les froments).  La place normale de l’orge de printemps est en 2ème paille après un froment mais l’orge de printemps peut aussi suivre une tête de rotation.  Dans cette situation, les précédents à forts reliquats azotés (pomme de terre, pois, légumes..) ne sont pas indiqués pour un débouché brassicole.  L’orge de printemps peut aussi revenir sur elle-même.

 

Bien que théoriquement l’orge de printemps s’accommode aussi des « petites terres », il est préférable, pour un débouché brassicole, de lui réserver les bonnes terres à betteraves.  Il ne faut évidemment pas espérer obtenir les meilleurs revenus financiers sur les plus mauvaises terres de la ferme.

 

3.2    Date de semis en orge de printemps

La date idéale de semis se situe autour du 15 mars. 

Semer plus tôt (jamais avant le 10 février) dans de très bonnes conditions de ressuyage et d’ensoleillement devrait théoriquement permettre d’assurer une plus longue période de végétation, un meilleur enracinement et une meilleure résistance à une sécheresse éventuelle.  Le principal avantage avéré des semis de février est d’atteindre le stade 1er nœud avant les premiers vols de pucerons vecteurs de jaunisse nanisante au printemps. 

Par contre, on rate beaucoup plus souvent un semis hâtif qui lève plus lentement et risque plus d'être ravagé par les pigeons et corvidés.  En outre, dans ces semis, les vulpins peuvent être plus envahissants. 

 

Il n’y a aucune raison de se presser avant le 15 mars si les conditions de semis ne sont pas vraiment bonnes.  Par contre si les conditions sont très bonnes dans la seconde quinzaine de février, il ne faut pas hésiter si on ne craint pas les corbeaux.  Plus le semis est tardif, plus la préparation du sol devra être affinée pour favoriser une levée rapide. 

 

Dans toutes les situations, mais surtout si la préparation du sol ou la levée ne semblent pas satisfaisantes, il ne faut pas hésiter à rouler le semis (le plus tôt est le mieux, mais le roulage peut être fait sans aucun problème jusqu’au stade 1er nœud).

 

En mai, on ne mettra de l’orge de printemps que s’il n’y a pas d’autre choix.

 

3.3    Densité de semis

Il faut semer sans jamais dépasser 250 grains au m2.  Les dégâts de pigeons ou de corvidés ne sont pas moindres avec de fortes densités de semis; par contre les oiseaux font plus difficilement des dégâts quand la parcelle est roulée.

 

3.4    Protection des semences et des jeunes semis

Les semences doivent être désinfectées, en particulier contre le charbon.  Le répulsif contre les oiseaux n’est plus autorisé en orge de printemps.  Pendant la levée, le placement dans la culture de bandelettes colorées de type « travaux routiers » s’est révélé efficace pour effrayer les oiseaux de passage, mais pas les locaux résidents.  Une parcelle roulée est également moins attractive pour les oiseaux.

 

3.5    Insecticide contre les pucerons jusqu’au stade 1er nœud

Les céréales de printemps sont très sensibles aux viroses transmises par les pucerons.  Surtout après un hiver clément pendant lequel les pucerons ont survécu, il faut rester très vigilant jusqu'à la montaison et traiter si nécessaire, selon les avertissements.  Il est rare de devoir traiter les semis réalisés avant le 15 mars.

 

3.6    Fumure azotée

Il ne faut pas mettre la fumure au moment du semis pour les semis de février, il faut attendre la levée qui peut prendre plusieurs semaines.  Par contre, on peut mettre la fumure de base au moment des semis effectués à partir de la mi-mars ou après. 

 

Dans les conditions de référence, et si les reliquats azotés moyens en sortie d’hiver sont de l’ordre de 80 kg d’azote sur 1,5 m (ou 60N sur 90 cm)(voir l’article « azote minéral du sol »), la fumure conseillée est de 60 N dès le début de la végétation renforcée par 20 à 40 N au stade redressement si la culture paraît carencée.  Si le climat est trop sec pendant la levée, il faut mettre la fumure de base le plus vite possible dès les premières pluies pour favoriser l’installation de la culture.  Dans ces conditions, il ne faut pas hésiter à rouler la parcelle si cela n’a pas été fait au semis.

 

Appliquer la fumure en deux applications permet de bien maîtriser la fumure et de l'adapter en fonction du développement de la végétation. 

 

Le calibre des grains diminue avec l'augmentation de la fumure, surtout les années de sécheresse pendant le remplissage des grains.  Dépasser la fumure de référence n’est pas prudent lorsqu’on cultive pour la première fois de l’orge de printemps.  Avec de l’expérience, on pourra éventuellement prendre ce risque en connaissance de cause.

 

Pour plus de détail, lire le point 2.2.2 sur les résultats des expérimentations sur la fumure.

 

3.7    Désherbage : normalement pas de lutte contre le vulpin

Il faut éviter de stresser inutilement l’orge de printemps.  Excepté pour les parcelles que l'on sait envahies par la folle-avoine ou le jouet du vent et qu'il convient de traiter au triallate, il n’est généralement pas nécessaire de traiter les orges de printemps contre les graminées.  Pour lutter contre les graminées (le problème se pose plus souvent pour les semis de février), de nombreux produits agréés en escourgeon ont été testés sans aucun dommage pendant le tallage quand la céréale est bien vigoureuse et non stressée.  Contre les dicotylées, la gamme des produits est très large (consulter la liste dans les pages jaunes).

 

3.8    Stratégie de lutte contre les maladies en orge de printemps

Excepté en 2009, où vient en outre d’apparaître le complexe grillures-ramulariose, les dernières années n’ont pas été très favorables à l’emploi des fongicides.  Aucun traitement fongicide n’est indispensable en orge de printemps, contrairement aux orges d’hiver et escourgeons où le traitement au stade dernière feuille doit systématiquement être appliqué.

 

Il convient, au moment de décider l’application d’un traitement fongicide, de tenir compte à la fois de la présence et de la pression des maladies sur les nouvelles feuilles formées, du climat annoncé les jours suivants, et des variétés (on fera plus facilement l’impasse sur les variétés résistantes).

 

Les 2 dernières feuilles de l’orge sont pratiquement les seules importantes pour le remplissage des grains.  Le rôle du fongicide de dernière feuille est de maintenir ces feuilles en activité le plus longtemps possible.  Le rôle du fongicide de montaison est d’empêcher les maladies présentes sur les nouvelles feuilles développées pendant la montaison d’atteindre les 2 dernières feuilles.  Le problème des mycotoxines n’est pas préoccupant en orge de printemps, à l’inverse des grains fusariés et moisis souvent présents quand les récoltes matures sont retardées par les pluies au mois d’août et qui peuvent provoquer le gushing (désagréable et surprenante sortie explosive de la bière hors de la bouteille lors du décapsulage de celle-ci).

 

Fongicide au stade dernière feuille : il faut traiter systématiquement les variétés classées sensibles aux maladies au stade dernière feuille (même en absence de maladie).  Le choix des produits (idéalement à base de strobilurine pour la rémanence) sera fait en fonction de la maladie dominante et des maladies accompagnantes (oïdium par exemple).  Un fongicide à moitié de la dose pleine agréée de matières actives contre les maladies visées semble pouvoir suffire.

 

On peut ne pas traiter systématiquement les variétés très résistantes (Pewter, Quench …) au stade dernière feuille, si les feuilles formées pendant la montaison sont indemnes de maladie et que le climat annoncé pendant les jours suivants n’est pas favorable aux maladies (un traitement réduit à ½ dose est toutefois conseillé dans ces conditions).  Si la situation devait évoluer défavorablement pendant le début de la phase de remplissage des grains, il sera encore possible d’intervenir contre la maladie envahissante.

 

Si on a dû traiter au stade montaison, il faut absolument retraiter au stade dernière feuille !

 

Fongicide au stade montaison : en montaison, il ne faut jamais traiter préventivement ; la décision de traiter ou non en montaison est à prendre à la parcelle en fonction de la présence des maladies, de leur importance, de la variété, du climat annoncé les jours suivants ….  Le potentiel de développement des maladies matérialisé par la présence d’inoculum sur les vieilles feuilles visibles pendant le tallage n’est pas suffisant pour décider le traitement.  La présence de maladies sur les nouvelles feuilles développées en cours de montaison est seul déterminant : il faut traiter avant que ces maladies n’envahissent ces nouvelles feuilles, ce qui n’arrivera pas si les météorologues annoncent une période sèche prolongée qui devrait en outre accélérer l’apparition du stade dernière feuille.

Vu que la rémanence du produit n’est pas importante (il faudra retraiter en dernière feuille), et pour éviter les applications répétées de strobilurines (il faut éviter de favoriser l’apparition de souches résistantes), le conseil est de faire le choix, en montaison, parmi les fongicides à base de triazole efficace sur les maladies présentes. Il semble que la moitié de la dose pleine agréée soit toujours suffisante à ce stade.

 

3.9    Les régulateurs de croissance

En culture d’orge de printemps brassicole, l’emploi d’un régulateur n’est normalement pas nécessaire ; il est d’ailleurs souvent phytotoxique (avec parfois de fortes chutes de rendement). 

Si le traitement est jugé nécessaire, les régulateurs utilisés en escourgeon sont agréés en orge de printemps mais à 2/3 de la dose agréée en escourgeon (voir les pages jaunes).

 

3.10   Récolte des orges de brasserie

L'orge va subir en malterie une mise en germination pendant 3 à 5 jours.  L'orge devra donc avoir un pouvoir germinatif intact et une énergie germinative maximale.

La récolte ne peut commencer que lorsque le grain est bien mûr, avec, si possible, une teneur en eau inférieure à 15 %.  Les récoltes sont déclassées d’office si l’humidité est supérieure à 18 %.

La moissonneuse doit être réglée pour éviter de casser les grains, plus gros en orge deux rangs qu’en escourgeon.

 

Problème de montée tardive d’épis et de présence de grains verts.  Il arrive certaines années (comme en 2001 pour les derniers semis d’orge de printemps), que de fortes minéralisations tardives provoquent le développement de tardillons.  Ces épis ne peuvent améliorer les rendements, et ils empêchent de moissonner à bonne maturité et correcte humidité de la récolte.  En saison humide, des moisissures peuvent se développer sur les grains mûrs, avec pour conséquences des risques de développement de mycotoxines et de déclassement.  Il est conseillé dans cette situation d’essayer de sauver la récolte en appliquant du glyphosate en « pré-récolte » quand les bons grains sont en phase terminale de maturation, et de moissonner dix jours après.  Les grains verts des tardillons seront pour la plupart éliminés lors de l’opération de calibrage de la récolte.  Cette pratique n’altère en rien la capacité germinative des bons grains, l’expérience démontrant plutôt l’inverse car les silos sont plus faciles à conserver.

 

3.11   Stockage des orges de brasserie

Vu les volumes des lots à livrer en malterie, le négociant stockeur est pratiquement incontournable, mais les exigences de qualité en malterie sont telles que seuls les stockeurs qui ont misé sur cette politique de qualité sont acceptés en tant que fournisseurs des malteries belges.

 

Au point de vue infrastructure, le négociant-stockeur doit au minimum être équipé :

·        de trémies de réception séparées permettant de rentrer des variétés en lots purs ;

·        de silos parfaitement équipés en ventilation permettant d’abaisser la température autour de 20 °C  le jour même de la réception ;

·        de nettoyeur pour pouvoir éliminer dès la réception un maximum de poussières, impuretés et grains moisis incompatibles avec une bonne conservation ;

·        de calibreur permettant d’éliminer les orgettes (grains < 2.2 mm) des récoltes ;

·        d’un séchoir performant à utiliser dans les jours suivants la récolte pour sécher toutes les livraisons moissonnées à plus de 16 % (mesure de l’humidité 24 heures après mise en silo, après stabilisation : en début de moisson, l’humidité réelle des grains est très souvent sous-estimée de 1 à 2 %).

Le négociant doit être aux normes HACCP (obligatoire depuis 1997), et le personnel doit être sensibilisé et motivé à une politique de qualité.

Tous les négociants ne sont donc pas également compétents pour pouvoir espérer une bonne valorisation de l’orge de brasserie.

Le stockage de l'orge de brasserie est très délicat et bien plus contraignant que celui des autres céréales, y compris des semences, puisque la garantie d’énergie germinative est de 95 % en 3 jours en orge de brasserie, ce qui est beaucoup plus drastique que le pouvoir germinatif exigé des semences.

A la récolte, l'orge a une dormance plus ou moins forte selon l'année (climat pendant la maturation du grain), le type d’orge, la variété, ...  Ainsi, les orges de printemps originaires de nos régions septentrionales ne sont généralement maltées qu'à partir de la fin de l'automne, et les orges d'hiver à partir du printemps.  Entre-temps, l'orge de brasserie doit être stockée; les livraisons ne se font jamais à la moisson, ce qui n'est pas le cas de l'escourgeon ou du froment.

Une directive européenne a introduit de nouvelles normes sanitaires qui concernent les teneurs maximales autorisées en mycotoxines : les aflatoxines B1, B2, G1, G2 et l’ochratoxine A.  Ces mycotoxines sont produites par les Pénicillium et Aspergillus se développant lorsque le stockage n’est pas assez soigné.

Des normes existent aussi pour les DON, mycotoxines dont l’origine provient des fusarium se développant au champ ; mais dans notre climat tempéré d’Europe Occidentale, les DON ne se retrouvent que rarement et en quantités négligeables sur orge, contrairement aux orges nord américaines.  Néanmoins les grains moisis et/ou fusariés sont indésirables en malterie et ils doivent être éliminés de la récolte. 

Pour parvenir à conserver les pouvoir et énergie germinatifs et la qualité sanitaire pendant ces périodes obligatoires de stockage, le stockeur doit ramener le plus rapidement possible la température du grain dans les silos sous 15°C, mais surtout l'humidité du grain autour de 14 %: d'où la nécessité de récolter quand le grain est sec, et de pouvoir, en années humides, sécher les récoltes sans que les températures ne dépassent 38°C dans le grain.  Au-delà de 16 % d’humidité dans le silo, il n’est pas possible de maintenir une qualité parfaite de la récolte par la ventilation seule ; il faut aussi sécher. 

 

 

Pour renseignements complémentaires : Tél : 081/62 21 39

Mail : monfort.b@guest.ulg.ac.be   URL : www.orgedebrasserie.be


 

[1] Projet APE 2242 (FOREM) et projet CePiCOP (DGA – Ministère de l’Agriculture et de la Ruralité de la RW)