La connaissance de croissance et de la mortalité des arbres : un prérequis indispensable pour garantir la durabilité de l’exploitation forestière



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Un projet de recherche sur la croissance et la mortalité des arbres en Afrique Centrale est publié dans la revue Forest Ecology and Management. Onze co-auteurs de différentes institutions du Nord et du Sud ont construit une base de données substantielle afin d'estimer la vitesse de croissance et le taux de mortalité de 42 espèces d'arbres d'importance commerciale. L'utilisation de ces valeurs permettra d'améliorer la durabilité de l'aménagement des forêts d'Afrique centrale.

Dans les forêts tropicales humides d’Afrique Centrale, la production industrielle du bois est basée sur l’exploitation périodique (25 à 30 ans) de quelques espèces ayant une valeur commerciale et des arbres dont le diamètre dépasse un seuil spécifique.

Afin d’assurer la viabilité de ce système d’exploitation, il est donc essentiel que le volume d’arbres exploitables se reconstitue entre deux coupes. « En moyenne, un à deux arbres par hectares sont coupés tous les 25 à 30 ans. C’est très peu si l’on compare cette intensité de prélèvements par rapport à celle pratiquée en Belgique » relève Gauthier Ligot, le principal auteur de cette étude. Néanmoins, ces prélèvements sont concentrés sur un nombre réduit d’essences disséminées parmi de nombreux autres arbres, moins intéressants commercialement. Dans certains cas, malgré le respect des réglementations nationales et des normes de certification, on craint que les effectifs de certaines essences d’arbres ne s’amenuisent au point de menacer l’activité économique à moyen terme.

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La croissance et la mortalité des arbres sont deux processus centraux pour prédire l’évolution d’une forêt entre des coupes successives. Ces processus dépendent de très nombreux facteurs parfois difficilement quantifiables. « L'espèce étudiée, l’âge et la taille des arbres, la nature du sol, le climat, l’espacement entre les arbres, l’effet de perturbation sont autant de facteurs qui influencent la croissance et la mortalité des arbres », précise Gauthier Ligot.

Afin de prédire l’évolution des forêts exploitées tout en tenant compte de ces multiples facteurs, la stratégie de cette étude est d’acquérir un grand nombre de données d’accroissement annuel en diamètre et du taux de mortalité pour différentes essences et dans différents sites. Ainsi, plus de 20 000 arbres appartenant à 42 espèces ont été suivis annuellement dans 8 sites d’Afrique centrale pendant une période allant de 1 à 7 ans. Ce suivi se poursuit en parallèle de la publication de ce travail de recherche.

« C’est un travail éreintant et répétitif. Camper en forêt, retrouver des arbres marqués pour les mesurer. Pourtant, c’est ce qui nous permet de garantir que ce qui est prélevé dans ces forêts est égal à ce que la forêt produit ». C’est l’enjeu d’une société durable qui se dessine à travers ces chiffres.

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L’étude identifie l’effet de certains facteurs clefs et propose des valeurs de référence à utiliser dans les modélisations forestières. Ces valeurs sont accessibles via cette page. On peut notamment y retrouver des tableaux avec les valeurs de croissance et de mortalité par essence et diamètre.

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