Bourland N. (2013) Dynamique d’une espèce ligneuse héliophile longévive dans un monde changeant : le cas de Pericopsis elata (Harms) Meeuwen (Fabaceae) au sud est du Cameroun. Thèse de doctorat. Université de Liège – Gembloux Agro-Bio Tech, 116 + 11 p.
Les forêts d’Afrique Centrale se caractérisent par une richesse spécifique importante. Alors que peu de lumière atteint généralement leur litière, parmi les espèces qu’elles hébergent figurent des grands arbres héliophiles longévifs exploités pour leur bois. Ces espèces pourraient s’être établies à la faveur de fortes perturbations passées. En effet, d’importants changements climatiques sont intervenus ces derniers millénaires, en certains endroits couplés à de fortes occupations humaines. Parmi ces espèces héliophiles figure l’assamela / afrormosia (Pericopsis elata (Harms) Meeuwen ; Fabaceae), grand arbre de haute valeur commercial des forêts denses humides semi sempervirentes africaines. Cette espèce exploitée souffre aujourd’hui d’importants problèmes de régénération sur son aire de distribution naturelle disjointe du Ghana à la République Démocratique du Congo. De ce fait, elle est inscrite en annexe II de la CITES et est considérée « en danger » par l’IUCN. Aucune solution crédible n’est apportée dans la littérature scientifique pour pallier sa carence en régénération. En outre, peu ou pas d’information est disponible décrivant ca. sa dynamique de population, sa génétique, sa sylviculture ou encore l’origine probable de ses peuplements. C’est dans ce contexte que le présent travail de thèse a été entrepris. Dans cette étude, nous avons adopté une démarche pluridisciplinaire pour comprendre la dynamique de ces peuplements riches en espèces héliophiles longévives exploitées dans le bassin du Congo et proposer des pistes pour leurs gestion et conservation dans un monde changeant. Pour ce faire, nous avons adopté comme modèle d’étude le cas de P. elata au sud-est du Cameroun. Les principaux acquis de l’étude montrent qu’à une échelle locale, la nature physico-chimique du sol n’a pas d’influence perceptible sur la présence ou l’absence de cette espèce grégaire. En revanche, à cette même échelle, d’importantes quantités de charbons de bois ont été retrouvées dans le sol, principalement dans les peuplements riches en l’espèce. L’analyse anthracologique d’un échantillon de ces charbons a par ailleurs montré que la végétation au moment des passages du feu différait peu par rapport à celle d’aujourd’hui. De nombreux fragments de poteries ont en outre été retrouvés dans les couches superficielles du sol exclusivement dans des agrégats formés par l’espèce. Enfin, des datations au 14C remontent à ca. 200 ans BP, soit approximativement l’âge moyen du peuplement concerné. Ce faisceau d’indices conclue à une forme ancienne d’agriculture itinérante sur brûlis comme étant l’origine la plus probable des peuplements d’assamela actuellement présents au sud-est du Cameroun. Outre sa structure actuelle de population au sein de la zone d’étude, plusieurs paramètres contrôlant sa dynamique de population ont été estimés. Sa croissance diamétrique moyenne est de 0,31 cm.an 1, valeur relativement faible comparativement aux autres espèces héliophiles longévifs, tandis que la mortalité naturelle annualisée de l’espèce est de l’ordre de 1%. L’exploitation sélective ne semble que peu influencer le comportement de l’espèce, d’autre part elle n’a prélevé que ca. 12 % du nombre total de ses semenciers. Chaque semencier ne fructifie en moyenne qu’une fois tous les 5 ans. Les diamètres minima de fertilité et fructification effective ont respectivement été de 32 et 37 cm. Le taux de reconstitution, très variable d’un pays à l’autre, est supérieur à 100 % au Cameroun où le statut de conservation attribué à l’espèce semble excessif. Comme pour d’autres grands arbres héliophiles exploités, assurer une régénération suffisante par plantation devrait permettre de pérenniser les populations d’assamela sur le long terme.
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