thèse doctorat_A. Biwolé

Biwole, A.

[2015] Origine et dynamique des populations d’arbres des forêts denses humides d’Afrique Centrale, le cas de Lophira alata Banks ex Gaertn C.F. (Ochnaceae).

La canopée des forêts denses humides d’Afrique centrale se caractérise par l’abondance d’arbres héliophiles appartenant à plusieurs espèces, ce qui indiquerait que des conditions favorables pour leur régénération ont jadis prévalu. Aujourd’hui, ce ne serait plus le cas au regard de la structure démographique de leurs populations, laquelle témoigne généralement de déficits de régénération. L’installation de telles espèces en forêt dense humide suggère des ouvertures importantes du couvert forestier. De tels évènements auraient pu survenir lors de changements climatiques et/ou de perturbations anthropiques d’ampleur. Le risque de diminution de leurs populations est accru par le fait que de nombreuses espèces sont exploitées pour le bois d’œuvre. C’est typiquement le cas de Lophira alata Banks ex Gaertn C.F., un des plus importants bois d’œuvre du Cameroun, jugé vulnérable par l’IUCN. Dans le contexte actuel où la préservation de la biodiversité et de l’intégrité du couvert forestier fait l’objet de toutes les attentions, la présente thèse a pour objectif de comprendre l’histoire et l’écologie de L. alata afin de proposer des stratégies de gestion durable. L’histoire des populations de L. alata a été appréhendée par une approche intégrant l’anthracologie et l’archéologie. Elle a mis en exergue un faisceau d’indices (fragments de poterie, de noix de palme et de charbons de bois) dans le sol des forêts du Sud du Cameroun témoignant d’une occupation humaine et des feux généralisés à deux périodes : 2 200 – 1 500 ans BP, et plus récemment, il y a environ trois siècles. L’âge des évènements les plus récents semble coïncider avec l’âge probable des plus grands spécimens de L. alata. Afin de déterminer les besoins en lumière de l’espèce et de mieux définir sa stratégie de régénération, une étude quantitative du tempérament des juvéniles a été réalisée pendant deux ans. Les résultats révèlent que L. alata présente à la fois les caractéristiques d’une espèce pionnière et celles d’une espèce non pionnière. En effet, à de faibles éclairements (1% d’éclairement relatif), la mortalité des plants était très faible et la biomasse n’affichait aucun signe de diminution, un comportement observé chez les espèces non pionnières pouvant se maintenir dans le sous-bois. Par contre, la réponse des traits foliaires et des patrons d’allocation de la biomasse, ainsi que la croissance maximale des plants dans les éclairements intermédiaires (23-43% d’éclairement relatif) et élevés (100%), en fonction des provenances, étaient caractéristiques des espèces pionnières. Il en résulte un vaste champ d’investigation quant à la classification du tempérament des espèces tropicales. En terme de dynamique des populations adultes, les conditions environnementales des sites influencent la croissance en diamètre des arbres, avec un meilleur développement en forêt sempervirente. Néanmoins, même dans ce milieu favorable, les simulations du taux de reconstitution et du stock exploitable montrent une importante baisse au cours des trois premières rotations, avec pour conséquence une probable diminution à terme de l’activité économique autour de cette espèce.Nos résultats permettent de formuler un ensemble de recommandations relatives à la gestion durable des populations de L. alata. Elles sont principalement liées à la nécessité de considérer des données spécifiques et locales lors de l’aménagement forestier et de développer des programmes de sylviculture adaptés.

Consultez la notice complète de la thèse