Aoudji, Kossi Nounagnon Augustin (2011). Thèse de doctorat, Université d’Abomey-Calavi (Bénin). 156 p.

Résumé :

La performance de la chaîne de valeur des perches de teck (Tectona grandis L.f.) au Sud-Bénin a été analysée dans le but de générer des informations utiles pour exploiter le potentiel de la foresterie paysanne dans l’amélioration des moyens d’existence des populations, la fourniture de produits forestiers et de services environnementaux. Quatre questions ont été abordées, eu égard aux contraintes identifiées : (i) quelles sont les opportunités de relations gagnant-gagnant et d’une meilleure coordination entre les agents de la chaîne de valeur ? (ii) La chaîne de valeur contribue-t-elle à créer de la richesse et à améliorer les moyens d’existence des populations ? (iii) Les bénéfices sont-ils répartis équitablement entre les agents impliqués dans le processus de production-consommation ? (iv) Comment la foresterie paysanne peut-elle répondre aux attentes du marché ? Pour apporter des éléments de réponse à ces questions, il a fallu analyser le fonctionnement de la chaîne – à travers la capacité des activités concernées à générer de la valeur ajoutée et des revenus – évaluer le degré d’équité dans la répartition de la valeur ajoutée directe entre les agents de la chaîne de valeur; et analyser le degré de satisfaction des attentes des consommateurs.

Une enquête a été réalisée en deux phases, entre août 2008 et septembre 2010, auprès des agents et organisations impliqués dans la chaîne de valeur. En outre, des données relatives à l’environnement institutionnel ont été rassemblées, à partir de sources primaires et secondaires. Au cours de la première phase, les répondants ont été sélectionnés suivant un échantillonnage par choix raisonné, et les données ont été collectées à base d’entretiens semi-structurés et de focus groupes. Cette première phase a permis l’identification de tous les agents participant à la chaîne de valeur, notamment les pépiniéristes, les planteurs, les intermédiaires locaux, les courtiers, les commerçants et les consommateurs. Ces derniers forment deux groupes : les consommateurs ruraux et les consommateurs urbains. La deuxième phase de l’étude s’est focalisée exclusivement sur les acteurs clés de la chaîne de valeur, notamment les planteurs, les commerçants et les consommateurs. Les planteurs de teck et les consommateurs ruraux ont été échantillonnés dans le département de l’Atlantique, à travers cinq communes (Allada, Kpomassè, Toffo, Tori-Bossito et Zè) représentatives des conditions agro-écologiques dans lesquelles la sylviculture paysanne du teck s’est développée au Sud-Bénin. Les enquêtes auprès des commerçants et des consommateurs urbains ont eu lieu dans les villes de Cotonou, Abomey-Calavi, Porto-Novo, Sèmé-Kpodji, et Ouidah. Au niveau des planteurs et des commerçants, les répondants ont été sélectionnés suivant un échantillonnage par grappes, au niveau administratif le plus bas. Ces enquêtes ont porté sur environ 15 % des villages dans les communes sélectionnées, et 15 % des quartiers urbains dans chaque ville, respectivement pour les planteurs et les commerçants. Dans le cadre de l’étude auprès des consommateurs, les répondants ont été sélectionnés suivant un échantillonnage systématique. La taille de l’échantillon est de 254, 107, 195 et 223 répondants, respectivement pour les planteurs, les commerçants, les consommateurs ruraux, et les consommateurs urbains. Les données collectées auprès des planteurs et des commerçants comprennent, entre autres, les fonctions remplies dans la chaîne de valeur, les interactions avec les partenaires commerciaux, les coûts supportés et les revenus générés par les activités. Quant aux consommateurs, ils ont notifié, entre autres, leurs attentes et leurs perceptions au sujet de neuf attributs, en utilisant une échelle de Likert à 7 points ; ce qui a permis de déterminer les attentes non satisfaites du marché.

Le fonctionnement de la chaîne de valeur des perches de teck au Sud-Bénin est caractérisé par la prédominance du marché comme structure de gouvernance, une faible coordination entre les planteurs et les commerçants, et une forte influence du gouvernement sur les opérations dans la chaîne. L’administration forestière – chargée du contrôle du respect de la législation forestière par les agents de la chaîne de valeur – joue un rôle important dans le fonctionnement de la chaîne. Des faiblesses ont été observées dans la politique forestière, la législation forestière, et leur application ; mais la politique fiscale est favorable à la foresterie paysanne. Les activités de la chaîne de valeur contribuent à créer de la richesse, avec une valeur ajoutée positive à toutes les étapes (production et commercialisation). Par ailleurs, elles dénotent d’un potentiel d’amélioration des moyens d’existence, grâce à un revenu du travail familial positif aussi bien au niveau des planteurs que des commerçants. Toutefois, les coûts de transport élevés et l’existence de rentes dans le système de commercialisation entravent la performance de la chaîne de valeur. Les commerçants sont les principaux contributeurs, et aussi les premiers bénéficiaires de la valeur ajoutée. Ces résultats n’impliquent pas une iniquité en défaveur des planteurs. Ces derniers peuvent améliorer leur part de valeur ajoutée, en s’appropriant de nouvelles fonctions permettant d’accroître la valeur bord champ du bois. Quatre segments de consommateurs, avec des profils socio-démographiques différents, ont été identifiés. Des efforts sont requis pour satisfaire les attentes du marché par rapport au prix, la disponibilité facile du bois, la fréquence des bosses sur le bois, la courbure, la longueur, la dureté et la durabilité du bois. Trois implications de politiques majeures émergent de cette étude : le soutien au développement d’associations de planteurs de teck, l’amélioration de l’environnement institutionnel, et l’amélioration des conditions de transport.


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