Capacité de phytoprotection d’un système aquaponique

Comme tout système de production végétal, l’aquaponie connait également son lot de bioagresseurs. Bien que la liste des maladies survenant en aquaponie soit moins diversifiée qu’en cultures extérieures, on retrouve néanmoins de nombreux phytopatogènes. Parmi ceux-ci, les champignons du sol capables de produire des zoospores font partie des organismes nuisibles les plus susceptibles de se développer. Les zoospores sont des spores flagellés et donc mobiles. Lorsqu’ils sont présents dans le système d’irrigation, ils vont pouvoir se déplacer et rapidement propager la maladie à toutes les plantes de la culture hydroponique. Pyhtium spp. et Phytophthora spp. sont deux exemples de phytopathogène à zoospores provoquant des maladies racinaires.

 racine 1 Pourriture racinaire causée par des champignons du sol

Mais les champignons du sol ne sont pas les seuls microorganismes capables de provoquer des maladies. Les bactéries, champignons et virus que l’on retrouve communément en serre sont également de la partie. En effet, les conditions environnementales (température et humidité) maintenues sous serre pour permettre une production végétale optimale sont également propices au développement de bien nombreuses maladies telles que du botrytis ou de l’oïdium.

botryBotryris cinerea sur basilic

Face à cette multitude de bioagresseurs, le producteur aquaponique reste relativement démuni pour lutter contre une maladie lorsqu’elle apparaît. Ceci est notamment dû à l’absence de pesticides, de biopesticides et d’agents de désinfection spécifiquement développés pour l’aquaponie. De plus, l’usage de pesticides ou d’agents désinfectants s’avère très délicat vu la présence de poissons et de bactéries bénéfiques (présentes dans le biofiltre) dans le système. Pour lutter contre les maladies, l’essentiel des moyens de protection sont basés sur des méthodes préventives (limiter les sources d’inoculum, désinfection entre les cycles, vide sanitaire, etc.), l’usage de variétés résistantes, le respect des bonnes pratiques culturales (espacement, nutrition, etc.), la gestion de la serre (conditions environnementales), une désinfection physique (UV ou thermique) et des systèmes de filtrations.

Il a été récemment reporté que les systèmes hydroponiques avaient une certaine capacité suppressive telle que rencontrée dans certains sols. Un milieu étant qualifié de suppressif lorsqu’il ne permet pas l’établissement ou la persistance d’un pathogène ou lorsque celui-ci s’établit mais cause peu ou pas de dommages. Cette action suppressive est due à la présence de microorganismes bénéfiques naturels dans le substrat, le filtre, la solution nutritive ou dans la rhizosphère. En aquaponie, on est tenté de penser que le milieu comporte ce même type de propriétés et qu’il en serait d’autant plus fort que le système semble plus propice à l’établissement des microorganismes.

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Basé sur ces constatations, une des activités de recherche au sein du laboratoire, consiste à caractériser les microorganismes présents dans un système aquaponique et évaluer leur capacité de biocontrôle.

Personne de contact: Gilles Stouvenakers