Orginfo n°132, 2er trimestre 2014  de l' asbl Promotion de l’ Orge de Brasserie, membre du CePiCOP, subsidié par la Région Wallonne

éditeur responsable : J de Montpellier

réalisé par Bruno Monfort (GxABT) (ex FUSAGx)

 

 

1. La protection fongicides en orge de printemps (suite)

2. Des contrats à prix éthique en 2015 ?

 

1.      La protection fongicide en orges de printemps (suite)

Dans le précédent Orginfo 131, on avait commencé à aborder la protection fongicide en orge de printemps à partir des essais (2009 à 2013) étudiant l’intérêt financier des applications fongicides en montaison et/ou sur la dernière feuille à pleine ou ½ dose agréée, toujours sur variétés sensibles aux maladies.  On concluait que en moyenne le programme le plus rentable était celui de 2 traitements (montaison et dernière feuille) à ½ doses.  C’est en fait la même conclusion qu’en escourgeon ou le meilleur programme moyen à Lonzée est aussi un double traitement à ½ dose (la seule exception étant 2011 où aucun traitement n’était rentabilisé), mais il faut souligner que les calculs sont faits en escourgeon pour un prix de vente de 160 €/t (agriculteur) alors qu’en orge de printemps le prix agriculteur de vente de la récolte retenu était de 220 €/t (limite basse d’un prix attractif pouvant commencer à inciter l’agriculteur à remettre de l’orge de printemps brassicole dans son assolement). Dans cet ensemble d’essais à Lonzée sur variétés sensibles, en dessous d’un prix agriculteur de 172 €/t en orge de printemps quand un fongicide coûte y compris le passage 80 €/ha, le meilleur programme fongicide moyen devient un seul traitement fongicide en dernière feuille et à ½ dose agréée. 

De ces essais à Lonzée en escourgeon et en orge de printemps (de 2009 à 2013), il faut retenir qu’en moyenne il est plus rentable de traiter 2 fois à ½ doses en montaison puis sur la dernière feuille que traiter une seule fois à dose complète en dernière feuille

Mais peut être qu’il est encore plus rentable dans sa parcelle et selon la variété de ne pas traiter du tout, ou de ne traiter qu’un fois sur la dernière feuille à ½ dose ??

Le tableau suivant donne, sur base de celui présenté dans Orginfo 131, les résultats en terme de bénéfice (€/ha) pour un prix de vente  de 220 €/t et un coût de 80 €/ha pour un fongicide (dose pleine) y compris le passage.

Tableau : essais programmes fongicides en orge de printemps – bénéfice (en €/ha) lié aux traitements fongicides - (Lonzée – Gx-ABT)

L’avantage du double traitement ½ doses n’apparaît plus que en 2012 et 2009, années à forte pression des maladies.  En 2013, 2011 et 2010 le meilleur programme est un traitement dernière feuille à ½ dose.  En 2011, en orge de printemps comme en escourgeon, l’intérêt d’appliquer un fongicide était minime.

Le tableau qui suit donne la réponse des variétés d’orge de printemps aux traitements fongicides en montaison et en dernière feuille dans les essais de comparaison de variétés de 2010 à 2013 (en 2009 il n’avait été prévu que le traitement DF).

 

Tableau : essais comparaisons variétales : réponses aux fongicides (kg/ha) (Lonzée – Gx-ABT)

 

Le principal enseignement de ces essais est que des variétés classées actuellement résistantes aux maladies tel que Quench, Sunshine, Irina ou Odyssey, si elles semblent pouvoir se passer de traitement fongicide en montaison, elles valorisent néanmoins bien le traitement fongicide de dernière feuille. 

En conclusion, le conseil en matière de traitements fongicides en orge est :

- faire les observations maladies à partir du stade 1er nœud sur les feuilles de la tige : il faut éliminer les feuilles du plateau de tallage devenues inutiles, il ne reste ainsi que les feuilles issues des nœuds de la tige.

- si en montaison, on observe la présence de maladie(s) sur les feuilles de la tige, il ne faut pas hésiter à appliquer un traitement fongicide de montaison à ½ dose qui devra être suivi d’un second traitement à ½ dose sur la dernière feuille étalée.

- si en absence de traitement montaison on n’observe toujours pas ou très peu de maladies dans le feuillage au stade dernière feuille étalée, le conseil est d’appliquer un traitement à dose réduite à ce stade.

- si en absence de traitement en montaison on observe une forte pression de maladies au stade dernière feuille étalée le conseil est d’appliquer à ce stade un traitement à dose normale.

 

2.     Evolution des marchés de l’orge de brasserie (rendu usine) et du malt (FOB Anvers) en Euro/tonne.  Quelle répercussion sur le prix de la bière au consommateur aurait un prix correct rémunérant le travail et le risque du producteur de l’orge de brasserie ?

Des cotations de la figure suivante, pour obtenir le prix agriculteur, en orge de brasserie il faut retirer 35 €/t pour les frais de stockage, de transport, de travail du stockeur.  En culture fourragère (froment, escourgeon) il faut retirer 25 €/t.  Tenant compte des différences de rendements et des coûts de production, plus du risque lié au déclassement en fourrager pour raison climatique une année sur cinq, pour concurrencer 9 tonnes à 160 €/t d’escourgeon ou de froment il faut obtenir 250 €/t avec 6 tonnes/ha d’orge de printemps. 

 

 

En automne 2013 (moment ultime de décision des emblavements) le marché proposait à l’agriculteur 175 €/t en froment fourrager, 165 €/t en escourgeon et 170 €/t pour l’orge de brasserie.  On arrête de cultiver l’orge de brasserie dans ces conditions.

Que coûterait au consommateur un prix éthique de 250 €/t à l’agriculteur pour sa récolte d’orge de brasserie locale.

Le prix du litre de bière belge Spéciale tourne en moyenne autour de 3,5 €/litre au consommateur en grandes et moyennes surfaces, soit 350 € par hectolitre de Spéciale nécessitant de l’ordre de 25 kg de malt, soit 30 kg d’orge de brasserie.

A 170 €/t à l’agriculteur, sur les 350 €/hl acheté par le consommateur, il revient 5.1 € à l’agriculteur soit 1,46 % du prix payé par le consommateur

Toute autre chose restant égale, à 250 €/t à l’agriculteur, il reviendrait 7,5 € à l’agriculteur sur les 352,4 €/hl que paierait dès lors le consommateur.  Soit une augmentation de 2,4 centimes le litre, ou encore 0,6 centime le verre de bière.  Autant dire que la différence liée à un prix éthique à l’agriculteur ne serait même pas perceptible au niveau du consommateur.

La décision d’avoir un approvisionnement local d’orge de brasserie appartient donc uniquement au brasseur.  Nous en reparlerons dans le prochain Orginfo