Orginfo 127 – 3ème trimestre 2012

de Promotion de l’orge de brasserie, asbl membre du CéPiCOP

édit responsable : Jacques de Montpellier

réalisé par Bruno Monfort, GxABT (ex-FUSAGx)

 

 

 

1.    Les résultats 2012 d’essai en orge d’hiver brassicole

Cette année à Lonzée, les rendements en orges d’hiver sont en net retrait par rapport à ceux de 2011, avec en sus des poids de l’hectolitre faibles et surtout des poids de 1000 grains anormalement faibles.  Deux raisons à cela selon moi.  Le gel du début février n’y est pour rien ; après cette période, on voyait bien des feuilles abîmées mais pas de disparition de plantes, très rarement un talle ou l’autre était détruit.  Par contre la parcelle est restée froide et mal drainée quasi tous les mois de février et mars (on n’a pu semer les orges de printemps que le 28 mars ; plus tôt, impossible de faire du bon travail).  En conséquence durant cette période les minéralisations du sol ont été anormalement faibles, et les escourgeons qui étaient très denses se sont éclaircis en début de montaison en absence de fumure au tallage (ce qui était recommandé) ; pendant la montaison la pression des maladies a aussi été très très faible.  Par la suite, les minéralisations ont été très abondantes et on a assisté à la fois à une montée importantes de tardillons et une pression très forte des maladies.  La forte présence de tardillons est une première explication des faibles poids de 1000 grains.  La deuxième explication des faibles poids de 1000 grains et des rendements est le temps froids et humide des mois de juin et juillet pendant le remplissage des grains : la photosynthèse a été déficiente.  Les minéralisations tardives du sol expliquent également les teneurs en protéines relativement élevées.

 

 

Pour les variétés Cervoise restera la variété la plus achetée par les malteurs, Gigga est retirée de la liste des variétés recommandée, sans doute à cause de son potentiel limité qui freine son développement commercial.  Pourtant cette variété présente une résistance aux maladies très intéressante puisqu’elle fait pratiquement les mêmes rendements en présence ou absence de fongicides contrairement à Cervoise qui a besoin de 2 traitements fongicides.  Isocel a un bon comportement aussi vis à vis des maladies mais a une sensibilité à la verse excessive.  Isocel, Etincel et Emotion n’apportent rien par rapport à Cervoise et Gigga en 2012, d’autant que leur calibrage est déficient.

 

Pour l’intérêt économique en 2012, c’est très franchement déplorable.  Les prix des brassicoles sont au niveau des fourragers ; en tout cas insuffisants que  pour combler les surcoûts de stockage et de nettoyage avant livraison.  L’industrie pense peut être qu’elle a assez d’orges de printemps à bon marché et ne fait rien pour encourager les semis.

 

En tout cas, au prix du marché (mondial) actuel, comparativement à l’escourgeon fourrager et au froment, difficile de trouver de l’intérêt aux orge d’hiver.

 

2.    Les résultats d’essai 2012 en orge de printemps

En 2012, les orge de printemps ont été satisfaisantes.  Les rendements sont moyennement bons, et la qualité est parfaite, avec des grains d’une très belle couleur or.  On vient de le dire, les semis ont été un peu tardifs, le 28 mars, suite au manque de ressuyage de la parcelle à Lonzée jusque là.  Les minéralisations du sol ont été fortes pendant le tallage et la montaison, et les orges ont rarement été aussi denses ; par contre la pression des maladies a aussi été très forte et hâtive, essentiellement la rhynchosporiose qui n’a pas pu toujours être maîtrisée (surtout avec la variété Henley, excessivement sensible) malgré les nouveaux fongicides.   Quench, Overture et surtout Scrabble ont montré une belle résistance aux maladies.  Explorer est également sensible à la rhyncho, mais moins que Henley.

 

Le manque d’ensoleillement en juin et juillet pendant le remplissage des grains s’est traduit par un calibrage et un poids de 1000 grains moins parfaits que d’habitude, surtout pour les variétés Concerto et Overture, et une récolte plus tardive que la normale (le 11 août).  Mais cela a été moins pénalisant qu’en escourgeon.  La moisson a été réalisée en très bonnes conditions.  Scrabble avec 80 qx et Explorer avec 82 qx ont montré les meilleurs rendements.  Concerto a déçu, de même que Bellini et Shandy qui n’ont pas reproduit leurs performances de 2011.  Henley a sans doute été pénalisée par sa sensibilité excessive à la rhynchosporiose qui n’a pas pu  être maîtrisée.  Les autres variétés Sébastian, Quench, Sunshine, et Overture ont  des rendements proches de la moyenne.

 

3.    Le marché des brassicoles

On a déjà exprimé notre déception pour les prix des orges d’hiver brassicoles et le manque de soutien de l’industrie pour encourager les semis.

Ce n’est actuellement guère mieux en orge de printemps alors que les agriculteurs doivent choisir leurs cultures pour la récolte 2013.

Ce n’est pas que les prix sont mauvais, au contraire, en absolu c’est pas loin d’être correct.  Mais en comparaison des autres cultures, surtout si on tient compte des risques liés à la culture (déclassements nombreux possibles) ça ne tient pas la route.

D’un autre côté, le marché ne démarre généralement qu’en octobre et surtout en novembre ; et les brasseurs (et donc en conséquence les malteurs qui travaillent à flux tendus) ne sont pas encore aux achats.  Ils sont en effet optimistes pour leur approvisionnement : les emblavement ont accidentellement augmenté en France en Allemagne et dans les pays nordiques suite au remplacement des céréales gelées l’hiver passé.  D’autre part, à part quelques régions comme l’Ecosse, les rendements sont généralement bons de même que la qualité.  Avec la menace pour les prix que les futures récoltes en Australie et en Argentine ne soient très bonnes ; mais là rien n’est fait, ils sont en train de semer.

Du prix rendu, il faut retirer 35 € de frais de stockage, préparation, transport pour obtenir le prix agriculteur qui devrait se situer entre 225 et 230 €/t.  Le prix culture actuel (fin septembre 2012) est de 230 €/t pour le froment standard, et de 220 €/t pour l’escourgeon.