Orginfo 119 – mai 2010

de Promotion de l’orge de brasserie, asbl membre du CePiCOP

édit responsable : Jacques de Montpellier

réalisé par Bruno Monfort, GxABT (ex-FUSAGx)

 

1.    Les orges de printemps redressent

Les orges de printemps semées le 17 mars sont en train de redresser.

Il est temps de faire le point sur les pucerons, le désherbage, les fongicides, la fumure

2.    Les pucerons ?

Le temps froid n’a pas favorisé la multiplication des pucerons qui sont très rares dans les cultures (tout comme les coccinelles, ce qui est bon signe).  Il ne sont plus à redouter, même s’ils devaient maintenant envahir les parcelles : ils ne peuvent plus nuire à l’orge de printemps.

Voilà toujours un traitement économisé.

3.    Le désherbage

Il est temps de terminer le désherbage des orges de printemps

Contre les dicotylées, évitez les produits mordants tels que bifénox (Vérigal) ou carfentrazone (Allié Express) qui compliquent les observations maladies à cause des taches qu’ils provoquent sur les feuilles.  Vous risquez en effet de traiter inutilement en montaison si vous confondez les symptômes.

On ne traite normalement pas contre les graminées qui l’an prochain seront facilement maîtrisées sur la tête de rotation mais il ne faut pas généraliser.  Si les graminées sont très présentes, il ne faut pas laisser les terres se salir.  Les vulpins ne devraient pas poser problèmes en semis de printemps réalisé à partir de mars ; par contre les folles avoines et jouets du vent peuvent poser problème, surtout en Hainaut.  Il est maintenant tard pour utiliser l’isoproturon (que l’on retrouve dans le Djinn admis en orge de printemps), mais il y a possibilité d’employer de l’Axial si nécessaire (comme auparavant on utilisait l’Assert).

4.    Un traitement fongicide en montaison ?

L’an passé, suite à un temps anormalement froid pendant la montaison en conséquence anormalement longue (3 semaines de montaison au lieu de 10 jours), les maladies (rhyncho et aussi parfois oïdium) avaient pu envahir le feuillage.  Les grillures et ramulariose ont aussi été présentes pour la première fois en orge de printemps à Lonzée.  Malgré cela la rentabilité du fongicide n’ était atteinte qu’à partir d’un prix de vente agriculteur de 120 €/t.  Sur la variété Sébastian, très malade l’an passé, la meilleure stratégie était d’appliquer  deux traitements à demi-dose (voir tableau 1).

Mais les tableaux 2 et 3 montrent que la plupart des années le fongicide de montaison, suite à la vitesse de déroulement des stades généralement rapide, n’est pas rentabilisé.  Il arrive souvent même que le fongicide sur la dernière feuille n’est pas non plus rentabilisé (voir 2005 et essai 1 en 2006), mais il faut se méfier, cela risque de changer si l’arrivée des grillures –ramulariose se confirme cette année. 

En dernière feuille, il faudra appliquer un fongicide avec du chlorothalonil, quitte à réduire la dose si les maladies sont absentes à ce stade.  Mais on y est pas encore.

Tableau 1 – Rendements (en kg/ha) et rentabilité (en euros) selon le prix de vente (PV) des itinéraires techniques en 2009 sur Sébastian à Lonzée (ES09-14).

F 1N

FDF

RDT

PV (€/t)

 

 

Kg/ha

85

100

125

150

-

-

7565

643

757

946

1135

-

Dose normale

8264

642

766

973

1180

 

Demi- dose

8184

666

788

993

1198

Dose normale

Dose normale

8758

624

756

975

1194

Demi- dose

Dose normale

8742

653

784

1003

1221

Demi- dose

Demi- dose

8582

669

798

1013

1227

Tableau 2 – Apports en kg/ha des traitements fongicides sur la dernière feuille (FDF) et fongicide en montaison (F1N) de 2005 à 2009.

 

 

FDF
(appliqué seul)

F1N
(qd FDF)

2009

Essai 1

1347

(*)

 

Essai 2

699

494

2008

Essai 1

707

217

 

Essai 2

1058

205

2007

Essai 1

658

(*)

 

Essai 2

558

(*)

 

Essai 3

612

(*)

2006

Essai 1

69

108

 

Essai 2

495

155

2005

Essai 1

226

158

 

Essai 2

258

47

 

Essai 3

269

1

(*) : pas d’application de fongicide montaison dans cet essai

Tableau 3 – Coût d’une application fongicide de 60 €/ha exprimé en kg/ha et selon le prix de vente (PV) de la culture (prix agriculteur).

PV

Fongicide de 60 € =
(en kg/ha)

85

706

100

600

115

522

130

462

145

414

160

375

 

5.    La fumure en orge de printemps

La  fumure totale maximale donnant le rendement maximal en moyenne de 18 essais fumures sur 7 ans est de 120 N donnant 7645 kg/ha.  La fumure optimale, calculée pour un prix de vente espéré (mais actuellement fictif) de 150 €/t et un coût de l’engrais N27% de 175 €/t a été de 106 N pour un rendement de 7616 kg/ha.

L’an passé les reliquats azotés en sortie d’hiver étaient inférieurs de 30N sur 90 cm et le potentiel supérieur à la normale.  En conséquence la fumure maximale en moyenne de 5 variétés s’élevait à 134 N pour 8415 kg/ha et la fumure optimale était en moyenne de 129 N pour un rendement de 8412 kg.  Cela variait selon les variétés (voir tableau 4).  A ces niveaux de rendements et de fumures les protéines étaient l’an passé toujours parfaitement dans les normes de réception en malterie, même pour Chamonix, Pewter ou Scarlett qui font généralement plus de 1 % de protéines que Béatrix, Henley, Quench ou Sébastian qui l’an passé faisaient de l’ordre de 10 % en 2009.

Tableau 4 – Détail des fumures caractéristiques pour chacune des variétés de l’essai OP09-12 à Lonzée (Gx-ABT).

OP09-12

Nmax

Rdt max

Nopt

Rdt opt

Beatrix

142

8131

135

8127

Tipple

138

8372

134

8369

Chamonix

119

7669

116

7667

Quench

122

9119

118

9117

Sebastian

190

9070

181

9065

Moyenne

134

8415

129

8412

Cette année à Lonzée, on se trouve dans une situation comparable à l’an passé avec des reliquats très faibles et un potentiel prometteur.  90 N ont déjà été appliqués à la levée et je vais ajuster à 120 N en apportant encore 30 N sur les variétés Quench, Henley et Sébastian. Tenez compte de votre historique : ajuster votre fumure 2010 en fonction de vos résultats 2009.  Si vous étiez limites en protéines l’an passé, vous ne pouvez pas renforcer votre fumure cette année, sauf si vous êtes dans des terres plus pauvres et que votre potentiel semble prometteur.