La fumure azotée en orge de printemps brassicole

 

La récolte 2007 nous a rappelé à un peu plus de prudence en ce qui concerne la fumure azotée en orge de printemps.  Si celle-ci s'élève idéalement à Lonzée en moyenne de 2003 à 2007 à un total autour de 100 N, elle ne devait pas dépasser 60 N en 2007.  La fumure appliquée en début de végétation ne devrait donc pas dépasser ces 60 N; une éventuelle fumure complémentaire de 20 à 40 N sera décidée au stade redressement.

 

1.  La fumure azotée en orge de brasserie de printemps en 2007.

L’année 2007 est caractérisée par une sécheresse printanière durant toute la période de levée et de tallage de l’orge de printemps.  Dès le retour des pluies, les minéralisations du sol ont pu reprendre et devaient encore être importantes en juillet car le grain a continué à stocker de la protéine pendant toute la maturation des grains.  Cette accumulation a été stoppée quand les grains ont été sous les 30 % d’humidité ; ce qui explique que beaucoup d’analyses de protéines faites en prérécolte à une humidité supérieure à 30 % sous-estimaient les teneurs à la livraison.  En conséquence de ces minéralisations tardives du sol, la fumure en 2007 devait être plus modérée que prévu et les teneurs en protéines à la récolte ont souvent été trop élevées.

 

Les tableau 1 et figures 1 & 2 donnent l’évolution des rendements et des teneurs en protéines avec la fumure croissante pour Sébastian et Tipple.  Pour estimer les fumures économiquement optimales des essais fumures en orge de printemps, nous avons gardé les prix utilisés dans l’étude de la fumure brassicole en orge d’hiver brassicole, soit : un prix de vente de la récolte à 200 €/t et un prix d’achat de l’engrais ammonitrate 27 % à 250 €/t.  On comprend facilement que quand plus le prix de vente est élevé, plus la fumure optimale est proche de la fumure donnant le rendement maximal ; à l’inverse, plus le prix de vente baisse, et plus la fumure optimale diminue (lire l’article fumure azotée en escourgeon dans ce Livre Blanc).

 

Tableau 1 : Fumures maximale, optimale, maximale brassicole et rendements correspondants en 2007

 

variété

Rdtmax

Kg/ha

Nmax

Kg/ha

Prot

% MS

Rdtopt

Kg/ha

Nopt

Kg/ha

Prot

% MS

N11.5%

Kg/ha

RDT11.5%

kg/ha

2007

Sebastian

6996

70

12.1

6964

55

11.8

43

6880

2007

Tipple

6549

57

11.1

6506

38

10.7

89

6456

 

Pour la variété Sébastian, la fumure de 70 N a donné un rendement maximal de 6996 kg/ha à 12.1 % de protéines.  La fumure optimale était de 55 N donnant 6964 kg/ha avec des teneurs en protéines excessives de 11.8 %.  La fumure pour ne pas dépasser 11.5 % était de 43 N pour un rendement de 6880 kg.

 

Pour la variété Tipple, la fumure de 57 N a donné le rendement maximal à 11.1 % de protéines.  La fumure optimale était de 38 N donnant 6506 kg/ha à 10.7 %.  La fumure à ne pas dépasser pour rester dans les normes de protéines de 11.5 % était de 84 N donnant dans l’essai 6456 kg/ha.  Ces fumures sont inhabituellement basses, comme on va le voir dans les essais des années antérieures.

 

 

Figure 1 : Evolution des rendements et des protéines avec la fumure azotée croissante (variété Sébastian en 2007)

 

Figure 2 : Evolution des rendements et des protéines avec la fumure azotée croissante (variété Tipple en 2007)

 

 

2       La fumure azotée en orge de brasserie de printemps en 2006.

 

Les figures 3 & 4 résument les essais réalisés en 2006 avec les variétés Sébastian et Pewter.  2006 était aussi une année où les teneurs en protéines étaient en moyenne élevées.

Le tableau 2 donne les fumures Nmax donnant le rendement maximal, Nopt donnant le rendement économique optimal et N11.5% donnant la fumure à ne pas dépasser pour rester dans les normes de protéines et son rendement correspondant.

 

Tableau 2 : Fumures maximale, optimale, maximale brassicole et rendements correspondants en 2006

 

variété

Rdtmax

Kg/ha

Nmax

Kg/ha

Prot

% MS

Rdtopt

Kg/ha

Nopt

Kg/ha

Prot

% MS

N11.5%

Kg/ha

RDT11.5%

kg/ha

2006

Sebastian

7991

106

11.7

7973

99

11.6

96

7957

2006

Pewter

7802

132

12.0

7768

118

11.7

110

7719

 

Les résultats 2006 sont dans la moyenne des années, avec des rendements maxima obtenus avec des fumures de l’ordre de 120 N et où la fumure maximale brassicole pour ne pas dépasser les normes de protéines est le plus souvent inférieure à la fumure économiquement optimale qui ne tient compte que des prix de vente de la récolte et des prix d’achat de l’engrais.

 

 

Figure 3 : Evolution des rendements et des protéines avec la fumure azotée croissante (variété Sébastian en 2006)

 

Figure 4 : Evolution des rendements et des protéines avec la fumure azotée croissante (variété Pewter en 2006)

 

3        La fumure azotée en orge de brasserie de printemps en 2005.

 

Les tableau 3 et figures 5 & 6 résument les essais réalisés en 2005 avec les variétés Sébastian et Mauritia.  2005 était de nouveau une année où les teneurs en protéines étaient en moyenne élevées.

 

Tableau 3 : Fumures maximale, optimale, maximale brassicole et rendements correspondants en 2005

 

variété

Rdtmax

Kg/ha

Nmax

Kg/ha

Prot

% MS

Rdtopt

Kg/ha

Nopt

Kg/ha

Prot

% MS

N11.5%

Kg/ha

RDT11.5%

kg/ha

2005

Sebastian

8813

133

12.1

8778

117

11.8

103

8681

2005

Mauritia

8303

105

12.8

8283

97

12.1

65

7862

 

Les conclusions 2006 sont valables pour 2005.  Les résultats expliquent l’abandon de la variété Mauritia qui, outre son plus faible potentiel, faisait vraiment trop de protéines pour qu’elle soit satisfaisante en conduite brassicole. 

 

Figure 5 : Evolution des rendements et des protéines avec la fumure azotée croissante (variété Sébastian en 2005)

 

Figure 6 : Evolution des rendements et des protéines avec la fumure azotée croissante (variété Mauritia en 2005)

 

4        La fumure azotée en orge de brasserie de printemps en 2004 et 2003.

 

Les tableau 4 et figures 7 & 8 résument les essais réalisés en 2004 et 2003 sur la variété Adonis.

2004 et 2003 étaient deux bonnes années faciles pour cultiver l’orge de printemps brassicole.  La variété Adonis était très performante en rendement et faisait peu de protéines.  Rares étaient les déclassements pour cause de teneurs en protéines trop élevées. 

 

Tableau 4 : Fumures maximale, optimale, maximale brassicole et rendements correspondants en 2004 et 2003

 

variété

Rdtmax

Kg/ha

Nmax

Kg/ha

Prot

% MS

Rdtopt

Kg/ha

Nopt

Kg/ha

Prot

% MS

N11.5%

Kg/ha

RDT11.5%

kg/ha

2004

Adonis

7772

147

11.0

7738

132

10.7

169

7693

2003

Adonis

8525

150

11.3

8493

136

11.0

159

8511

 

Figure 7 : Evolution des rendements et des protéines avec la fumure azotée croissante (variété Adonis en 2004)

 

Figure 8 : Evolution des rendements et des protéines avec la fumure azotée croissante (variété Adonis en 2003)

 

5    La fumure azotée moyenne en orge de printemps de 2003 à 2007

La figure 9 représente la réponse moyenne des rendements à la fumure azotée à Lonzée de 2003 à 2007.  Le rendement maximal de 7732 kg/ha y est atteint avec la fumure de 114 N.  Aux prix forfaitairement choisis dans cet article, la fumure économiquement optimale est de 102 N donnant un rendement de 7704 kg sans garantie d’être dans les normes de protéines.

 

On a vu tout au long de cet article que pour être dans les normes de protéines, il est primordial de choisir en priorité les variétés faisant peu de protéines (tenir compte des résultats variétaux).  Il faut choisir une fumure moyenne convenant à la fertilité de ses parcelles (lire la partie choix des parcelles), et s’adapter au mieux au climat de l’année.  En 2007, mais ce n’est pas la première fois, les malteurs ont dû relever les normes de protéines à la livraison car la grande majorité des récoltes européennes étaient riches en protéines.

Figure 9 : Moyennes des rendements en fonction de la fumure azoté de 2003 à 2007

 

 

Extrait du Livre Blanc 2008

Auteur : Ir Bruno Monfort