1       Orge de brasserie (Extrait du Livre Blanc de septembre 2016)

B. Monfort[1]

1.1        Résultats des variétés dans les essais EBC

Les essais EBC (réseau européen organisé par les malteurs et les brasseurs) recherchent parmi les nouvelles variétés d’orge de potentiel brassicole, celles qui, tout en maintenant une qualité au moins équivalente aux variétés témoins, pourraient satisfaire les agriculteurs par de meilleures performances agronomiques (résistances aux maladies, hauts rendements).

 

1.1.1          Orge d’hiver brassicole : Etincel seule sur le marché brassicole

Etincel reste la seule variété à destination de la brasserie disponible actuellement sur le marché en Belgique (sur demande).  Elle est, tous débouchés confondus, de loin la variété la plus cultivée en France.

Le tableau 1 suivant présente ses résultats de rendement avec 2 critères importants de qualité en comparaison de la variété hybride et fourragère Volume.  Ces deux variétés étaient de potentiel proche jusqu’en 2014 mais ces deux dernières années le classement d’Etincel s’est considérablement dégradé. 

Les rendements de 2014 sont représentatifs de la moyenne quinquennale dans les essais à Lonzée. Les récoltes 2015 et 2016 sont toutes deux inversement exceptionnelles : excellente en 2015, très mauvaise en 2016 d’autant que ces mauvais rendements s’accompagnent d’une sévère chute des prix de vente en fourrager.  En brassicole, suite aux très mauvaises récoltes en France, les prix se maintiennent mieux ce qui donne actuellement un différentiel de prix (+ 40 €/t) apparemment attractif qui pourrait encourager la culture mais malheureusement sans garantie de maintien à ce niveau .

 

Tableau 1 – Principaux résultats sur l’orge d’hiver brassicole Etincel en 2016 et depuis 2014 en comparaison avec ceux de la variété fourragère Volume.  Rendements en pourcent du rendement moyen annuel des variétés (en kg/ha), et paramètres de la qualité (teneur en protéines en %, calibrage en %, et poids de 1000 grains en gr). 

Source : essais ES16-01, ES15-01, ES14-02, Lonzée - Gembloux Agro-Bio Tech – CePiCOP

Données culturales :       en 2016 : fumure = 0-105-80 = 185 N, 2 fongicides (d/2 en montaison), 1 régulateur

 

Etincel est moyennement sensible à la verse mais sa sensibilité aux maladies est importante dans nos essais.  Ses teneurs en protéines sont les plus basses de la collection des escourgeons ce qui permet d’appliquer la fumure optimale de la culture fourragère sans trop craindre de dépasser les normes de protéines.  Le calibre de ses grains est généralement élevé quoique faible en 2016.

 

1.1.2          Les orges de printemps brassicoles

A Lonzée, il faut remonter aux années 2000 et 2001 pour retrouver des rendements aussi faibles que  lors de cette récolte 2016.  Quelques grains étaient avortés à l’épiaison suite aux nuits trop froides en montaison, mais les piètres rendements sont plus à attribuer aux faibles ensoleillement et températures nocturnes durant le remplissage des grains. Les faibles calibres et poids de 1000 grains en témoignent. Comme en 2015, les maladies ont été plus présentes dès la montaison et ont nécessité un double traitement fongicide. La population en épis était optimale.  Un traitement contre les lema trop abondants fut nécessaire.  Malgré le peu de dilution (faible rendement en grains), les protéines sont idéalement dans les normes, par contre les pluies ont retardé la moisson et dégradé quelque peu la qualité visuelle de la récolte (présence de grains décolorés).

 

Tableau 2 – Principaux résultats en orge de printemps.  Essais EBC à Lonzée – Gx ABT CéPiCOP. 

(1)     : rendements moyens des témoins en kg/ha = 100 % de l’année de l’essai ; protéines et calibre en % (moyenne des témoins)

 

Planet (66 qx/ha et 120 % des témoins) confirme son potentiel exceptionnel. Elle semble peu sensible aux maladies sauf à la rouille.  Par contre Planet a été la plus sensible à la verse lors de la tempête de fin juin, avec Crescendo (54 qx/ha) qui a en moyenne un bon potentiel  (103%) et qui est  la plus résistante de la collection aux maladies excepté pour  le complexe « grillures- ramulariose ».

Irina (53 qx/ha) largement développée en France, au Danemark et en Grande Bretagne a le moins bien supporté le climat de cette année, de plus elle est sensible à la rhynchosporiose.  Explorer (57 qx/ha)  est sensible  aussi à la rhynchosporiose ainsi qu’à l’oïdium mais par contre a montré le plus de résistance au complexe « grillures-ramulariose ».

A l’inverse , Odyssey (58 qx/ha), variété « non – GN » (sans Glucosidic Nitrile) surtout cultivée en Ecosse et en Grande Bretagne à destination de la distillerie (whisky)  y est très sensible mais présente un bon potentiel en moyenne depuis 2013.

 

Parmi les nouveautés, Sangria (60 qx) semble sur deux ans la variété la plus prometteuse après Planet (66 qx) devant Ovation (57 qx/ha), Crescendo (54 qx) et Gésine (55 qx/ha). 

Sebastian (54 qx) est la variété la plus ancienne de la collection , donc bien connue et la plus demandée par l’industrie.  Très sensible à l’oïdium, Sebastian est maintenant dépassée en potentiel de rendement, tout comme les variétés Overture et Propino, et régresse fortement dans les semis.

 

Le choix des variétés brassicoles doit toujours être fait en accord avec les brasseurs, les malteurs et les négociants-stockeurs. Dès à présent, les agriculteurs prévoyant de cultiver l’orge de printemps en 2016 doivent tenir compte des conseils repris ci-après.

1.2        Conseils de culture en orge de printemps

Choix des parcelles pour de l’orge de printemps : d’une manière générale, il faut éviter les parcelles riches en humus actif (jachères ou prairies avec légumineuses retournées récemment, fortes restitutions organiques).  Les bonnes terres « à betteraves » faciles d’accès en sortie d’hiver doivent être choisies en priorité.  D’autre part les parcelles trop filtrantes (séchantes et donc avec des risques plus élevés d’échaudage) ou présentant des défauts de structure (!!) ne conviennent pas  parce que les orges y sont plus sensibles que les froments.  La place idéale de l’orge de printemps est en 2ème paille, après un froment, où la maîtrise de la fumure azotée est plus facile.  Si possible, réalisez un profil azoté de la parcelle tôt en sortie d’hiver.  Après betterave, comme en froment, envisagez un traitement des semences contre la mouche grise et suivre les avertissements donnés pour la protection des semences en froment.

 

Date de semis en orge de printemps : il est conseillé de semer entre le 20 février et le 15 mars dans un sol suffisamment ressuyé, « quand il fait bon labourer ».  Ne semer que si on est assuré d’avoir suffisamment de soleil que pour blanchir le lit de semences.  Les semis précoces sont souvent plus favorables à l’enracinement et la résistance à la sécheresse lorsque le semis est réussi.  Le principal avantage des semis de février est d’atteindre le stade 1er nœud avant les premiers vols de pucerons vecteurs de jaunisse nanisante au printemps.  Un semis hâtif lève lentement et risque plus d'être ravagé par les pigeons et corvidés.  En outre dans ces semis, les vulpins peuvent être plus envahissants.  Il n’y a donc aucune raison de se presser avant le 15 mars si les conditions de semis ne sont pas très bonnes.  Par contre, plus le semis est tardif et plus la préparation du sol devra être affinée pour une levée rapide. 

Dans toutes les situations, mais surtout si la préparation du sol ou la levée ne semblent pas satisfaisantes, il ne faut pas hésiter à rouler le semis (le plus tôt est le mieux, mais le roulage peut être fait sans aucun problème jusqu’au stade 1er nœud) cela permet un meilleur contact entre les semences et les particules de sol et également de conserver l’humidité du sol.

En mai, on ne mettra de l’orge de printemps que s’il n’y a pas d’autre choix.

 

Densités de semis : semer sans jamais dépasser 250 grains au m2.  Les essais à Lonzée montrent qu’on peut descendre sans problème à 175 g/m2 lorsque les conditions de semis sont correctes (voir l’article « implantation).  Des dégâts de pigeons ou de corvidés ne sont pas moindres avec de fortes densités de semis ; par contre les oiseaux font plus difficilement des dégâts quand la parcelle est roulée.

Renseignements complémentaires :

Bruno Monfort, responsable technique de l’asbl Promotion de l’Orge de Brasserie

Tel : 081/62 21 39               Mail : monfort.b@guest.ulg.ac.be

[1] Projet APE 2242 (FOREM) et projet CePiCOP (DGARNE, du Service Public de Wallonie)