Orge de brasserie     (article paru dans le Livre Blanc de septembre 2014)

B. Monfort[1]

 

Résultats des variétés dans les essais EBC

Les essais EBC (réseau européen organisé par les malteurs et les brasseurs) recherchent parmi les nouvelles variétés d’orge de potentiel brassicole, celles qui, tout en maintenant une qualité au moins équivalente aux variétés témoins, pourraient satisfaire les agriculteurs par de meilleures performances agronomiques (résistances aux maladies, hauts rendements).

Les orges d’hiver brassicoles : Etincel confirme son fort potentiel

Cette année à Lonzée, les rendements des orges d’hiver brassicoles sont excellents, tout comme la qualité.

Tableau 1 : Principaux résultats en orge d’hiver brassicole  en 2014 et depuis 2011.

Source : essais ES14-02 aux Isnes & ES13-02, ES12-02, ES11-02 à Lonzée - Gembloux Agro Bio Tech

Données techniques :            en 2014 : fumure = 0-90-40 = 130 N, 2 fongicides (1/2 doses), 1 régulateur

 

Etincel confirme ses excellents rendements des années précédentes.  Son potentiel est équivalent à celui de la variété Volume (hybride fourrager). Sa sensibilité à la verse et aux maladies est moyennement bonne.  Ses teneurs en protéines sont basses.  En France, Etincel est maintenant la variété la plus cultivée pour la brasserie- malterie et est en tête de toutes les variétés en multiplication.

Cervoise complètement dépassée en rendements n’est plus conseillée pour une mise en culture. En deuxième année d’observation chez nous, Casino apparaît moins performante en rendement que Etincel et sa forte sensibilité à la verse est un défaut majeur pour une culture à destination de la brasserie.

Les orges de printemps brassicoles

Très bonne année également en orges de printemps dont les meilleurs résultats approchent les 100 quintaux à Lonzée.

Le semis est du 13 mars après betterave.  Le risque mouches grises étant nul selon l’avis lancé par le CADCO, le traitement des semences au FORCE n’a, à juste titre, pas été retenu.

La parcelle a fortement été grêlée le 20 mai au stade dernière feuille étalée (39), mais la culture a spectaculairement récupéré du potentiel suite à une montée abondante de talles secondaires.  Par contre le mélange de tiges plus ou moins âgées a entraîné une récolte d’un mélange de grains mûrs de très belle couleur dorée et de grains surmatures grisâtres.  Les calibrage et poids de 1000 grains sont très corrects, mais les tests de germinations en automne devront vérifier si la qualité brassicole n’a pas été dégradée à cause de la grêle.

 

Tableau 2 : Principaux résultats en orge de printemps.  Essais EBC à Lonzée – Gx-ABT.

(1)     : rendements moyens des témoins en kg/ha = 100 % de l’année de l’essai ; protéines et calibre en % (moyenne des témoins)

 

Concerto a été en 2014 la plus performante des variétés recommandées tout juste suivie de la variété témoin Quench.  Ces deux variétés resteront vraisemblablement principalement recommandées en 2015.  Outre son irrégularité dans le temps, le principal défaut de Concerto est sa sensibilité à la verse.

Shandy et Overture ont été sorties de la liste des variétés recommandées et Milfort, fourrager, montre moins de potentiel que les meilleurs variétés brassicoles.

Les nouvelles variétés en observation, Sanette et Gesine montrent un potentiel intéressant, à l’inverse de EndoraOdyssey qui avait été la plus performante en 2013 déçoit en 2014 tout comme Bellini ; ces deux variétés sont apparues également un peu sensibles à la verse.  Sunshine pèche de nouveau par un potentiel de rendement plus faible.  Explorer et Sébastian (sensibles aux maladies), Irina (qui ne confirme pas ses rendements de 2013) et Propino (variété référence au Danemark et dans les pays du nord) sont dans la moyenne.

 

La liste des variétés recommandées en accord avec les brasseurs, les malteurs et les négociants- stockeurs sera diffusée en février 2015 avant le semis des orges de printemps à l’occasion du prochain Livre Blanc.  Dès à présent, les agriculteurs prévoyant de cultiver l’orge de printemps en 2015 doivent tenir compte des conseils suivants.

 

 

Conseils de culture en orge de printemps

Choix des parcelles pour de l’orge de printemps : d’une manière générale, il faut éviter les parcelles riches en humus actif (jachères ou prairies avec légumineuses retournées récemment, fortes restitutions organiques).  Les bonnes terres « à betteraves » faciles d’accès en sortie d’hiver doivent être choisies en priorité.  D’autre part les parcelles trop filtrantes (séchantes et donc avec des risques plus élevés d’échaudage) ou présentant des défauts de structure ( !!) ne conviennent pas (les orges y sont plus sensibles que les froments).  La place idéale de l’orge de printemps est en 2ème paille après un froment, où la maîtrise de la fumure azotée est plus facile.  Si possible, réalisez un profil azoté de la parcelle tôt en sortie d’hiver.  Après betterave, comme en froment, envisagez un traitement des semences contre la mouche grise et suivre les avertissements donnés pour la protection des semences en froment.

Date de semis en orge de printemps : il est conseillé de semer entre le 20 février et le 15 mars dans un sol suffisamment ressuyé, « quand il fait bon labourer ».  Ne semer que si on est assuré d’avoir suffisamment de soleil que pour blanchir le lit de semences.  Les semis précoces sont souvent plus favorables à l’enracinement et la résistance à la sécheresse lorsque le semis est réussi.  Le principal avantage des semis de février est d’atteindre le stade 1er nœud avant les premiers vols de pucerons vecteurs de jaunisse nanisante au printemps.  Un semis hâtif lève lentement et risque plus d'être ravagé par les pigeons et corvidés.  En outre dans ces semis, les vulpins peuvent être plus envahissants.

Il n’y a donc aucune raison de se presser avant le 15 mars si les conditions de semis ne sont pas très bonnes.

Par contre, plus le semis est tardif et plus la préparation du sol devra être affinée pour une levée rapide  (plus le semis est tardif et plus les variétés précoces sont recommandées). 

Dans toutes les situations, mais surtout si la préparation du sol ou la levée ne semblent pas satisfaisantes, ne pas hésiter à rouler le semis (le plus tôt est le mieux, mais le roulage peut être fait sans aucun problème jusqu’au stade 1er nœud).

En mai, on ne mettra de l’orge de printemps que s’il n’y a pas d’autre choix.

Densités de semis : semer sans jamais dépasser 250 grains au m2.  Les essais à Lonzée montrent que on peut descendre sans problème à 175 g/m2 quand les conditions de semis sont correctes. Des dégâts de pigeons ou de corvidés ne sont pas moindres avec de fortes densités de semis ; par contre les oiseaux font plus difficilement des dégâts quand la parcelle est roulée.

 

Renseignements complémentaires :

Bruno Monfort, responsable technique de l’asbl Promotion de l’Orge de Brasserie

Tel : 081/62 21 39               Mail : bruno.monfort@guest.ulg.ac.be


[1] Projet APE 2242 (FOREM) et projet CePiCOP (DGARNE, du Service Public de Wallonie)