Orge de brasserie (art du Livre Blanc de septembre 2013)

B. Monfort[1]

 

Résultats des variétés dans les essais EBC

Les essais EBC (réseau européen organisé par les malteurs et les brasseurs) recherchent parmi les nouvelles variétés d’orge de potentiel brassicole, celles qui, tout en maintenant une qualité au moins équivalente aux variétés témoins, pourraient satisfaire les agriculteurs par de meilleures performances agronomiques (résistances aux maladies, hauts rendements).

Les orges d’hiver brassicoles : Etincel devient la référence.

Cette année à Lonzée, les rendements des orges d’hiver brassicoles sont excellents, tout comme la qualité.

Tableau 1 : Principaux résultats en orge d’hiver en 2013 et 2012.

 

Orges hiver

Récolte EBC 2013

Récolte EBC 2012

variétés

Rdt

Prot

Calib %

Rdt

Prot

Calib %

 

Kg/ha

%

>2.5 mm

Kg/ha

%

>2.5 mm

Variété reconnues brassicoles ou en observation

Cervoise (6R)

10865

10.1

95.6

8912

11.3

92

Gigga (6R)

10521

10.7

97.7

8877

11.9

93

Etincel (6R)

11414

9.0

97.2

8802

11.1

88

Casino (6R)

11368

9,6

95.1

 

 

 

 

11042

9.8

96.4

8864

11.4

91

                             

Source : essais ES13-02 & ES12-02 (essais EBC) à Lonzée - Gembloux Agro Bio Tech

Données techniques :        en 2013 : fumure = 50-80-40 = 170 N, 2 fongicides, 1 régulateur

en 2012 : fumure = 0-100-70 = 170 N, 2 fongicides, 1 régulateur

 

Etincel réitère ses excellents rendements de 2011 où elle faisait 108 % de Cervoise.  Sa résistance à la verse est inférieure à celle de Cervoise mais par contre sa sensibilité aux maladies lui est un peu inférieure.  Ses teneurs en protéines sont basses.

 

Cervoise est la variété d’ hiver de très loin la plus achetée par les malteurs, mais elle doit être stockée longtemps pour lever la dormance des graines qui est très longue ; c’est le défaut majeur de la variété.  Bien connue, elle est précoce, d’un potentiel correct pour les rendements mais très sensible à toutes les maladies.

 

Gigga présente un peu moins de potentiel que Cervoise mais est une des variétés les plus résistantes aux maladies, ce qui en fait son principal intérêt.

En première année d’observation chez nous, Casino est apparue performante en rendement mais très sensible à la verse. Elle semble moyennement sensible aux maladies.

Les orges de printemps brassicoles

Records battus par les orges de printemps qui approchent les 100 quintaux en moyenne.  Irina atteint 102 qx, le record étant pour Odyssey avec plus de 107 qx.

 

Le semis est du 2 avril après betterave.  La parcelle a fortement été attaquée par les mouches grises, mais le très fort tallage au printemps a permis de combler les trous.  Néanmoins, après betteraves, il convient d’envisager le traitement des semences au FORCE.

 

A part une tempête responsable d’une forte verse de la parcelle, le climat a toujours été favorables aux orges de printemps en 2013.  Les maladies furent fort peu présentes, contrairement à 2012, si ce n’est en début de montaison une poussée d’oïdium sur Sebastian.

 

Tableau 2 : Principaux résultats en orge de printemps.  Essais EBC à Lonzée – Gx-ABT.

(1)     : rendements moyens des témoins en kg/ha = 100 % de l’année de l’essai ; protéines et calibre en % (moyenne des témoins)

 

Sebastian reste la variété la plus cultivée en France et Quench la variété la plus cultivée dans le reste de l’Europe (destinée à l’exportation en Grande Bretagne semble-t-il).

 

Quench est nettement supérieure à Sebastian en rendement en moyenne tout en étant plus stable au fil du temps.  Elle est aussi nettement plus résistante aux maladies.  Sunshine est dans la moyenne sur le long terme. 

 

Irina semble intéressante en rendement et en résistance aux maladies.  Elle pourrait remplacer Henley.  La variété Odyssey est passée directement en variété recommandée en Grande Bretagne à la fois pour la brasserie et pour la distillerie. Elle est la plus performante en 2013. Overture et Runny semblent manquer de potentiel.  Bellini, Concerto, Explorer, Henley (toutes 4 sensibles rhyncho) et Shandy (sensible verse) déçoivent.

 

La liste des variétés recommandées en accord avec les brasseurs, les malteurs et les négociants- stockeurs sera diffusée en février 2014 avant le semis des orges de printemps à l’occasion du prochain Livre Blanc.  Dès à présent, les agriculteurs prévoyant de cultiver l’orge de printemps en 2014 doivent tenir compte des conseils suivants.

 

Conseils de culture en orge de printemps

Choix des parcelles pour de l’orge de printemps : d’une manière générale, il faut éviter les parcelles riches en humus actif (jachères ou prairies avec légumineuses retournées récemment, fortes restitutions organiques).  Les bonnes terres « à betteraves » faciles d’accès en sortie d’hiver doivent être choisies en priorité.  D’autre part les parcelles trop filtrantes (séchantes et donc avec des risques plus élevés d’échaudage) ou présentant des défauts de structure ne conviennent pas (les orges y sont plus sensibles que les froments).  La place idéale de l’orge de printemps est en 2ème paille après un froment, où la maîtrise de la fumure azotée est plus facile.  Si possible, réalisez un profil azoté de la parcelle tôt en sortie d’hiver.  Après betterave, comme en froment, envisagez un traitement des semences contre la mouche grise.

Mesure agri-environnementale « culture extensive en céréales » : depuis 2007, la prime agri-environnementale « réduction des intrants » n’est plus accessible qu’aux cultures d’orges de printemps brassicole ou de seigle (sauf exceptions très locales pour l’épeautre).  Cette prime de 100 €/ha n’exige plus de contraintes techniques (densité de semis, régulateur), la protection fongicide utile souvent réduite et la fumure raisonnée, nécessairement peu intensive, constituent des avantages environnementaux naturels suffisants.

Mesure agri-environnementale « couverture hivernale du sol » : la culture d’orge de printemps laisse la place à une couverture hivernale du sol donnant droit également à une prime agri-environnementale de 100 €/ha.

Date de semis en orge de printemps : il est conseillé de semer entre le 20 février et le 15 mars dans un sol suffisamment ressuyé, « quand il fait bon labourer ».  Ne semer que si on est assuré d’avoir suffisamment de soleil que pour blanchir le lit de semences.  Les semis précoces sont souvent plus favorables à l’enracinement et la résistance à la sécheresse lorsque le semis est réussi.  Le principal avantage des semis de février est d’atteindre le stade 1er nœud avant les premiers vols de pucerons vecteurs de jaunisse nanisante au printemps.  Un semis hâtif lève lentement et risque plus d'être ravagé par les pigeons et corvidés.  En outre dans ces semis, les vulpins peuvent être plus envahissants.

Il n’y a donc aucune raison de se presser avant le 15 mars si les conditions de semis ne sont pas très bonnes.

Par contre, plus le semis est tardif et plus la préparation du sol devra être affinée pour une levée rapide  (plus le semis est tardif et plus les variétés précoces sont recommandées). 

Dans toutes les situations, mais surtout si la préparation du sol ou la levée ne semblent pas satisfaisantes, ne pas hésiter à rouler le semis (le plus tôt est le mieux, mais le roulage peut être fait sans aucun problème jusqu’au stade 1er nœud).

En mai, on ne mettra de l’orge de printemps que s’il n’y a pas d’autre choix.

Densités de semis : semer sans jamais dépasser 250 grains au m2.  Des dégâts de pigeons ou de corvidés ne sont pas moindres avec de fortes densités de semis ; par contre les oiseaux font plus difficilement des dégâts quand la parcelle est roulée.

[1] Projet APE 2242 (FOREM) et projet CePiCOP (DGARNE, du Service Public de Wallonie)