Les insectes, du fait de leur importante diversité, constituent le groupe de métazoaires le plus important de tous les écosystèmes terrestres. Leur étude dans le cadre des activités d’une faculté d’agronomie est par conséquent très naturelle. En effet, l’ubiquité de ces organismes conduit à de nombreux cas d’interactions avec l’homme et ses différentes pratiques agro-industrielles (production végétale et animale, stockage, transformation des denrées,…). Très rapidement, dans l’histoire, on s’est aperçu de l’existence d’espèces « nuisibles », et des moyens de luttes ont été recherchés afin d’optimiser les productions par la réduction des populations parasites et ravageuses intervenant à différents stades des processus de production (des élevages et des cultures). Beaucoup plus récemment, l’utilité relative de différents groupes d’insectes a été caractérisée. Les parasitoïdes, notamment les aphidiphages, et les pollinisateurs ont particulièrement retenu l’attention et sont maintenant de plus en plus couramment utilisés en lutte biologique et en pollinisation assistée. Cet emploi du monde entomologique dans les pratiques agricoles courantes permet notamment une réduction importante des intrants chimiques (pesticides) ainsi qu’une diminution des manipulations (et des coûts) liées à la pollinisation (concomitante d’une augmentation de la qualité des produits).

 

Les groupes taxonomiques à intérêts agronomiques avérés les plus étudiés par le Service d’Entomologie sont:

Tribolium, comme modèle de ravageur des denrées entreposées

Coccinellidae, Syrphidae et Névroptères, modèles d’Aphidiphage

Formicidae, modèle d’insecte social

Apidae et Andrenidae, modèle de pollinisateur

 

De nombreux autres groupes sont étudiés par les collaborateurs scientifiques bénévoles du Service d’Entomologie (lien vers collaborateurs)

Malgré la multiplicité des recherches entomologiques fondamentale menées au service d’Entomologie, une recherche de cohérence de la démarche scientifique à conduit à une orientation délibérément tournée vers les Coléoptères, Diptères et Hyménoptères.

Outre les intérêts appliqués directs tels que l’aphidiphagie et la pollinisation, par leur diversité, les insectes (dont les Hyménoptères) sont également des descripteurs intéressants pour l’étude de l’environnement et de son évolution en fonction des pressions écologiques, par exemple d’origine climatiques ou anthropiques. Les collections conservées à Gembloux sont pluralistes et rassemblent un grand nombre de groupes taxonomiques elles peuvent être exploitées dans ce sens.

 

Importance de la systématique et des systématiciens

Dans le cadre de la présentation des collections de Gembloux (et du conservatoire entomologique le plus récent de Belgique), outils de recherche de nombreux taxonomistes et systématiciens, l’occasion est belle d’insister sur l’importance de ces disciplines: taxonomie et systématique.

Il est en effet fort peu réaliste de prétendre utiliser le moyen entomologique en vue d’approches écologiques ou agronomiques si l’insecte n’a pas été préalablement le sujet d’études fondamentales approfondies. Il faut être conscient qu’il est absolument illusoire de manipuler des entités taxonomiques fictives non décrites auxquels on attribuerait des noms provisoires tels que « sp1″, « sp2″,… et dont l’identité est et labile immédiatement hermétique au lecteur non initié .

Une approche appliquée, postulant un gain de temps dans sa réalisation par l’évitement des développements systématiques, potentialise implicitement la réalisation de ses buts et intérêts, les résultats obtenus sont obligatoirement non reproductibles et invérifiables du fait d’une identification ambiguë sans réelle valeur scientifique. La description des taxons, la vérification des classifications par le biais d’études morphologiques, moléculaires ou génétiques, la recherche d’hypothèses phylogénétiques expliquant les affinités potentielles entre les groupes et la préparation d’ouvrages globaux synthétisant ces connaissances sont les passages obligés de tout développement et approfondissement de la science entomologique.

Une activité de conservation entomologique telle que présentée ici et les études développées par les scientifiques gembloutois depuis plus de 4 décennies (ainsi que par leurs nombreux homologues dans le monde), loin d’être obsolètes, ont des implications très profondes dans l’écologie, l’agronomie et toutes les sciences susceptibles d’impliquer l’insecte.

On peut souligner ici l’existence de nombreuses initiatives internationales, voire mondiales, qui préconisent l’entreprise de recherches systematico-taxonomiques approfondies et le soutien à la recherche fondamentale. Ce type de démarche dépassant de loin l’initiative particulière de la FuSaGx prouve le bien fondé des propos précédents et la pertinence de l’action gembloutoise.

 

Biogéographie

Allant de pair avec l’approche systématique, l’étude des distributions entomologiques a constitué un sujet de recherche privilégié du service d’Entomologie. Une des exploitations des collections constituées et conservées, est, en effet, la définition des aires de distribution des espèces, de leurs limites et particulièrement de leur évolution dans le temps. La participation du service d’Entomologie de Gembloux au mouvement lancé dans les années ’60 de l’European Invertebrate Survey, a conduit à la publication de plusieurs milliers de cartes rassemblées dans différentes publications et atlas, d’atlas, d’atlas commentés et de nombreux articles scientifiques de biogéographie dans des revues scientifiques nationales et internationales.

Les moyens techniques évoluant, la gestion originale des données biogéographiques par un système de « fiches papier » a été suppléée par l’élaboration de systèmes informatiques de plus en plus performants de gestion de bases de données et de cartographie. Les membres actifs du service d’Entomologie fonctionnelle et évolutive utilisent pour ces applications les logiciels CFF, CFFedit, DFF et MFF, conçus et distribués par l’équipe du Prof.P.Rasmont(UMH). Ces logiciels permettent l’association d’un spécimen à tous les paramètres inhérents à sa collecte et la représentation cartographique précise, voire combinée, des localités de capture et de conditions écologiques. Ce type d’approches zoogéographiques permet l’étude et la surveillance de l’évolution des distributions entomologiques en fonction des principaux paramètres environnementaux.